Cette campagne de vaccination de riposte contre la poliomyélite à l’échelle nationale avait été annoncée par le ministère de la Santé publique. L’objectif étant de bouter la poliomyélite hors de la sous-région.
Cette campagne faut-il le relever a été synchronisée avec celles de certains pays de l’Afrique Centrale. Il s’agit des campagnes de vaccination contre la polio du Nigeria, du Niger, du Tchad et de la République centrafricaine. « Cette campagne s’inscrit dans le cadre d’une synergie de stratégies entre les pays de la sous-région, en épidémie de poliovirus dérivé et les plus à risque d’une importation des cas de poliovirus sauvage », a confié le Ministre de la Santé, Manaouda Malachie. « Aussi, cette campagne servira aux différents pays, une opportunité pour renforcer leur couverture vaccinale de routine à travers le rattrapage des enfants de 0 à 23 mois ayant manqué un ou plusieurs rendez-vous de leur calendrier habituel de vaccination », a-t-il ajouté.
Toutefois, cette campagne de vaccination s’est déroulée au porte-à-porte, dans les formations sanitaires, les écoles, les marchés, les chefferies, les lieux de culte et autres lieux de regroupement, ciblait ainsi plus de 6 millions d’enfants de 0 à 5 ans au Cameroun. Il faut dire qu’il s’agissait du premier tour des Journées nationales de vaccination contre la polio, cette année dans le pays.
A titre de rappel, la poliomyélite est une maladie virale très contagieuse qui touche principalement les enfants de moins de cinq ans et peut entraîner une paralysie, voire la mort en quelques heures. Elle sévit toujours au Cameroun. S’il est vrai que le pays a été certifié en juin 2020 indemne de poliovirus sauvage (PVS), l’agent pathogène de la maladie, d’autres formes de poliovirus circulant de type 2 (PVDVc2) dérivé d’une souche vaccinale continuent de circuler au Cameroun, surtout dans des zones où des enfants sont peu ou pas vaccinés. Fin 2023, le Cameroun avait détecté deux cas de poliovirus dérivé : un dans la région du Centre et l’autre à l’Extrême-Nord. « Jusqu’ici, ces deux cas n’avaient pas fait l’objet de riposte. Ajouté à ce contexte, il y a beaucoup de cas de poliovirus qui ont été détectés dans la sous-région Afrique centrale. Les études ont démontré qu’il y a des liens entre ces cas. Le risque d’importation reste donc très élevé », a indiqué Dr Brice Edzoa Essomba, coordonnateur régional pour le Centre du Programme élargi de vaccination. Si cette nouvelle campagne a pour but de renforcer la vaccination contre cette maladie, surtout qu’il n’existe pas de traitement, elle participe aussi des efforts du Cameroun de conserver son statut de pays « free polio ». Pour préserver cet acquis, l’Organisation mondiale de la Santé a recommandé au pays de maintenir des niveaux élevés de surveillance épidémiologique et de vaccination, y compris dans les zones d’insécurité et difficiles d’accès. Depuis lors, le pays multiplie les initiatives pour bouter définitivement la polio hors du triangle national.
Le second tour de vaccination est prévu dans un mois pour tordre définitivement le cou à cette maladie infectieuse.
Ernesthine BIKOLA