Luc Magloire Mbarga Atangana est descendu dans les principaux marchés de Yaoundé, le 1er mars 2022. Occasion lui a été donnée de constater des pratiques de spéculation par quelques commerçants indélicats, mais surtout la disponibilité des produits de première nécessité aux prix pour l’essentiel abordables, malgré le contexte mondial de leur flambée.
Première étape de la visite du Ministre du Commerce, marché Mvog-Mbi à Yaoundé. Luc Magloire Mbarga Atangana, accompagné d’une forte délégation de collaborateurs et autres partenaires des organisations syndicales, investit la société Congelcam, numéro au Cameroun de l’importation, la distribution et la vente des produits de mer. Occasion en or pour les consommateurs trouvés sur les lieux d’exprimer leur ras-le-bol. « Excellence monsieur le ministre, le poisson coûte de plus en plus cher, nous n’arrivons plus à nous ravitailler, ça devient très difficile… », fulmine Bernadette Ngono, la mine serrée, mais empreinte d’espoir à la vue du gendarme des marchés.
Cette manifestation d’exaspération n’est pas un cas isolé. Comme cette consommatrice, nombreux sont les Camerounais qui ont avoué éprouver d’énormes difficultés à renflouer le panier de la ménagère, mieux à nourrir leurs familles par ces temps de crise sanitaire. Frappé par cette situation déplorable, le Ministre du Commerce s’est mployé non seulement à s’assurer que les denrées sont disponibles et de bonne qualité, mais davantage que les prix affichés respectent la réglementation en vigueur en matière du commerce. Aussi, a-t-il interrogé quelques acheteurs qui reconnaîtront effectivement qu’il y a du poisson, mais que la balance utilisée n’est fidèle. Se retournant vers le responsable de point de distribution, le Mincommerce va s’enquérir de la dénonciation. Après vérification séance tenante, l’assistance va se rendre à l’évidence que le tenancier de la balance se joue effectivement des commerçants, qui ignorent son mécanisme et même leurs droits. Car, il y en a qui ne tiennent pas compte du poids du poids du récipient taré, qui sert à peser le poisson, soit 225 grammes. En revanche, il a été constaté que les congélateurs garnis du thon, barre, maquereau, de la morue, de la carpe, du poisson poulet… Le maquereau doré n’est pas en reste. Les prix variant de 1.350 à 1.500 Fcfa le kilogramme.
Dans le même marché, le Ministre Mbarga Atangana va se rendre dans un autre point de distribution cette fois-là des autres produits de grande consommation tels que le riz, la farine, le sucre, l’huile végétale, le sucre et autres margarines. Le constat est presque le même, à savoir que les comptoirs et étales sont achalandées et les prix homologués sont respectés par le responsable de la boutique. Pour le riz dont la disponibilité des variétés ne fait l’ombre d’aucun doute, l’indien coûte 330 Fcfa le Kg de brisure de 3 % et 370 Fcfa de brisure 5 %, le riz thaïlandais de brisure 3 % à 325 Fcfa et 390 Fcfa celui de brisure 5 %, de même que le riz pakistanais. S’agissant de l’huile raffinée également disponible dans le même espace marchant, le litre de Mayor revient à 1.200 Fcfa.
Visiblement rassuré, le Ministre du Commerce et sa suite se dirigent au Marché central, où une fausse note sera malheureusement enregistrée. Ici, un commerçant véreux est surpris en flagrant délit de non-respect de dépôt préalable de barème concernant la vente de la margarine de marque Jadida. Après avoir soumis le responsable de la manœuvre à l’interrogatoire, sans succès, le ministre a instruit immédiatement la saisie et la mise en demeure du produit. Aux autres commerçants du même marché, pas grand-chose à reprocher. Une attitude citoyenne qui va le décider à mettre le cap sur le grand centre commercial de Mokolo. Ici également, il sera mis à découvert un distributeur convaincu de spéculation de la même marque Jadida, qui subira le même sort après que le ministre a parcouru un autre point de dépôt de Congelcam, le marché du bœuf où les acheteurs subissent la dure réalité de la cherté de la viande sans os, soit 3000 Fcfa le kilogramme. L’eau minérale, le riz, la farine et bien d’autres produits de grande consommation passeront ainsi au peigne fin. Là où il y a eu des manquements, le Ministre du Commerce a instruit ses collaborateurs à prendre les dispositions nécessaires. C’est le cas de la margarine querellée qu’il a recommandé de retirer du marché régional, pour ceux des distributeurs qui se mettent en marche de la règlementation.
A chaque étape, faut-il le relever, le Ministre du Commerce a conseillé aux consommateurs de dénoncer la spéculation à travers le numéro vert : 1502. « Ne vous laissez pas spolier par ce genre de pratiques ! Chaque fois que vous aurez affaire à des prix non conformes, appelez le numéro vert 1502 ! C’est gratuit. Le gouvernement l’a mis à la disposition des consommateurs pour dénoncer toutes sortes de pratiques illicites dans les marchés », a-t-il rappelé.
Assurances du Mincommerce
Il faut aussi relever que la sortie du Ministre du Commerce lui a permis d’entretenir la population sur le contexte actuel. A la faveur de l’échange avec la presse, Luc Magloire Mbarga Atangana a pu se rendre compte de ce que « La réalité est souvent loin de ce qui se raconte, la rumeur ayant ceci de particulier qu’elle va très vite ». Il a donc bien voulu faire comprendre aux Camerounais que l’inflation persistante n’est pas le propre du Cameroun, il s’agit d’un phénomène mondial justifié par les effets pervers du Covid-19. Et que si rien n’est fait, la vie chère risque de s’aggraver. En effet, a expliqué le ministre, les difficultés d’approvisionnement des produits importés, la hausse des coûts de transports maritimes et des tarifs douaniers, l’augmentation des frais de fret…influencent considérablement la consommation dans les ménages. Et lorsqu’on y greffe les répercussions de la guerre en Ukraine opposée à la Russie, les deux grands importateurs du blé dans le monde, a-t-il expliqué davantage, il y a lieu de se résoudre à changer d’habitudes alimentaires. Heureusement, a-t-il rassuré, une fois de plus, l’Etat a pris un train de mesures d’accompagnement afin d’alléger la souffrance des consommateurs pour le cas du riz, à travers la baisse du tarif douanier. Il est donc clair que si le Cameroun veut résoudre cette équation difficile, il gagnerait à promouvoir la production de masse des produits ainsi que leur transformation locale.
Pierre Zambo : la voix des commerçants
Réagissant à cette situation de crise généralisée du marché, Pierre Zambo, Coordonnateur régional du Syndicat National des Commerçants du Cameroun (Sncc) pour le Centre s’est voulu rassurant. « Le Ministre du Commerce est descendu sur le terrain pour constater d’abord, qu’il y a effectivement les produits sur le marché et que les prix qui y sont pratiqués sont homologués. Nous avons constaté ensemble que les produits sont disponibles et que les prix sont en train de revenir à la normale, parce qu’il faut reconnaître qu’il y a eu tensions des prix, il y a eu une inflation mesurée, c’est-à-dire que certains commerçants se sont arrangés à faire disparaître des produits des étales, mais aujourd’hui nous avons constaté que tout est revenu à la normale. Là où il y a eu de petits problèmes, le ministre a promis apporter des solutions. Et, avec les syndicats de commerçants, nous croyons qu’on va apporter des solutions efficaces dans un proche avenir. En réalité, il faut une présence continuelle des contrôleurs de prix. C’est également l’action de nous autres commerçants. Moi qui suis le président du syndicat de commerçants, j’ai promis d’être présent et de mettre mes collègues commerçants ensemble pour qu’il n’y ait plus de pénuries. Par rapport au prix du pain, il s’agit d’un problème mondial du prix du blé qui a augmenté. Mais, jusqu’à ce jour, le prix du pain au Cameroun n’est pas sensé avoir grimpé. Par rapport au prix de la viande de bœuf, nous allons nous organiser à l’intérieur du syndicat pour apporter la logistique, pour que le transport allège le coût de revient. Ce n’est pas la pénurie de la matière, mais ce sont les intervenants dans la chaîne de distribution qui font subir les consommateurs. Je crois qu’un jour, on va apporter une réponse à tous ces problèmes. », a-t-il indiqué, avant de rassurer davantage : « Nous demandons aux commerçants d’être citoyens et de ne pas se mêler les pédales, de ne pas anticiper sur la pénurie, car nous sommes encore dans les délais des conventions avec le gouvernement, c’est-à-dire des taux de douane presque zéro, presque nuls et les anciens stocks sont encore disponibles. Je crois qu’ensemble, on va faire des choses qui seront positives. Le commerçant et le consommateur sont des partenaires. Le Ministre du Commerce a dit à la télévision nationale la veille, je l’ai suivi, que nous devons nous habituer à une nouvelle façon de vivre. Je crois que c’est de cela qu’il s’agit. Le monde est en train de connaître des mues, nous devons nous y habituer, parce que dans tous les cas, nous serons rattrapés par la réalité. Car, le contexte est mondial ».
Bertrand TJANI