Le 18 janvier 2021, sur les ondes de la Radio Tiémeni Siantou, le président d’Etoile filante de Garoua a crié sa désolation suite à la décision de la Fédération Internationale de Football Association de maintenir Seydou Mbombo Njoya et son équipe à la tête de la Fédération Camerounaise de Football durant la période transitoire.
Un jour après le verdict du Tribunal Arbitral du Sport(Tas) annulant le dernier processus électoral de la Fédération camerounaise de Football (Fécafoot) de décembre 2018, la Fédération Internationale de Football Association (Fifa) a réagi. Selon l’instance faîtière mondiale du football, les dirigeants déchus de la Fécafoot restent en fonctions. « Compte tenu des circonstances du cas en question, et pour les motifs retenus par le Tas, la Fifa considère […] que la nécessité d’assurer une continuité de service jusqu’aux nouvelles élections à organiser dans les meilleurs délais, justifient de laisser aux organes actuellement en place le soin d’assurer l’intérim de la Fécafoot », a écrit la secrétaire générale de la Fifa, Fatma Samoura.
Face à cette décision de la Fifa de maintenir le président Seydou Mbombo Njoya et son équipe, Abdouraman Hamadou Babba s’insurge. Selon lui, « La Fifa court dans le sac ». « Dès ce lundi, les avocats vont adresser une correspondance à la Fifa, pour lui signifier que sa mafia de maintenir Njoya et sa bande ne passera pas. Zéro colonisation de notre football !», renchérit le président d’Etoile filante de Maroua.Car, il estime que la Fifa n’a pas le droit d’outrepasser la décision du Tas.
Samedi, 16 janvier 2021, dans sa correspondance adressée au secrétaire général de la Fécafoot, Fatma Samoura a expliqué cette décision qui a été prise en conformité avec le paragraphe 235 de l’exposé des motifs du verdict du Tas, lequel dispose en substance « qu’il appartient aux organes actuellement en place [à la Fécafoot] de finaliser dans de meilleurs délais le processus d’adoption des statuts et des textes réglementaires nécessaires, dans le respect des statuts 2012, puis d’organiser sur cette base, des nouvelles élections ». A ce propos, la Fifa accorde donc un « mandat exceptionnel » au Comité exécutif déchu qui assure désormais l’intérim. Celui-ci sera limité aux « tâches permettant d’assurer la continuité des affaires courantes ». Et celles liées « à la finalisation à brève échéance du processus d’adoption des statuts et textes réglementaires requis et l’organisation de nouvelles élections ». Les modalités et limites concrètes de ce mandat seront précisées ultérieurement et sous le contrôle de la Fifa, a annoncé la Secrétaire générale.
Néanmoins, la démarche de la Fifa ne semble pas convaincre certains à l’instar du virevoltant Abdouraman Ahmadou, qui estime que la Fifa veut entretenir la mafia en maintenant la même équipe qui va permettre l’organiser les élections auxquelles elle prendra part. Pour certains juristes, la décision du Tribunal Arbitral du Sport portant sur l’annulation n’est susceptible d’aucun recours. Une fois que cette instance juridictionnelle en matière de sport s’est prononcée après une saisine, il faut simplement s’exécuter. En clair, de l’avis de plusieurs juristes, l’équipe actuelle de la Fécafoot frappée de déchéance ne saurait organiser une élection légale, aux risques de retourner à la case départ. Pour certains, la Fécafoot vient ajouter davantage de confusion dans une situation suffisamment confuse, qui n’arrive pas à trouver une issue heureuse depuis 2013.
Pour rappel, le club de l’As Olympique de Meiganga avait saisi le Tas, instance juridictionnelle basée à Lausanne (Suisse), pour qu’elle annule l’ensemble des résolutions de l’Assemblée générale élective, qui avait installé Njoya et son équipe à la tête de la Fécafoot. L’Olympique de Meiganga avait en effet évoqué des actes de corruption, lors d’une assemblée générale destinée à valider des textes de l’instance, deux mois avant l’élection. Pour le moins qu’on puisse dire, la saga de la Fécafoot promet d’être riche en rebondissements dans les prochains jours.
Aubin BEKONDE (Stagiaire)
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