Charmant Ossian, jeune camerounais de la diaspora et spécialiste des questions énergétiques, évalue l’impact économique des récentes manifestations post-électorales et explore les voies de la relance. Il était l’invité de la Cameroon Radio Television (Crtv).
Douala et bien d’autres villes camerounaises viennent d’être le théâtre des manifestations post-électorales, mouvements ayant conduit à des casses et à une paralysie des activités économiques pendant quelques jours. Comment cette crise, entre guillemets, est perçue au niveau de la diaspora ?
D’abord, il est clair que la diaspora est divisée sur cette question-là. La grande majorité silencieuse des Camerounais de l’extérieur que je représente déplorent les mouvements d’humeurs dans certaines villes de notre cher et beau pays, le Cameroun. Ensuite, il faut rappeler que l’élection présidentielle est désormais derrière nous. Enfin, rappeler que ce qui est important est l’avenir de notre pays et le bien-être de nos concitoyens. Pour ce faire, j’appelle les uns et les autres à l’apaisement patriotique, à beaucoup de retenue, de compassion, de solidarité et à être le changement qu’ils voudraient voir; que ce changement que nous devons tous effectuer pour le développement socio-économique de notre pays devienne le changement des mentalités; que chaque citoyen, indépendamment de son activité, son grade, sa fonction doit se remettre en cause, réfléchir sur le développement inclusif de notre pays. Cela n’arrivera uniquement dans un pays où il y a la paix, malgré les défis auxquels nous pouvons faire face.
Comment analysez-vous l’impact d’une telle réalité sur le plan économique ?
Les crises post-électorales ont toujours un impact économique négatif majeur, qui entraîne souvent une baisse des exportations et des revenus, une augmentation des prix, une diminution de la productivité des entreprises et des commerces ainsi qu’une baisse des recettes de l’État. Ces crises peuvent en fait provoquer des pénuries, perturber le commerce et affecter la sécurité alimentaire des populations locales. Si nous prenons uniquement l’exemple de la perturbation du commerce, des activités de transit et de transport tournent au ralenti ou même sont interrompues. Ceci affecte la chaîne d’approvisionnement. Par exemple, le transport entre Bafoussam et Yaoundé; Yaoundé-Douala; Douala-Bafoussam; Douala-Bertoua; Bertoua-Ngaoundéré-Garoua-Maroua était était gelé. Ceci impact négativement le panier de la ménagère. Cela veut simplement dire que la tomate qu’on pouvait acheter à 100 FCFA, on peut la retrouver sur le marché à 1000 FCFA; le kilogrammes de riz qu’on achetait à 450 FCFA peut se retrouver à plus de 800 FCFA. Donc, il serait important, comme je l’ai dit précédemment, de convoquer le bon sens des concitoyens et d’arrêter ces mouvements d’humeurs. Dieu merci, après la prestation de serment de notre champion national, tout est revenu dans l’ordre.
Pendant ces manifestations, des stations-service ont été vandalisées. Quelles peuvent être les répercussions de tels actes à moyen ou à long terme ?
Il faut déplorer ces actes de vandalisme et de destruction du labeur des dizaines d’années de ces capitaines d’industries.
Pour les destructions enregistrées, l’impact sera minimal sur le plan national, car c’est le dernier maillon de la chaîne des hydrocarbures qui est touché. Mais, c’est une énorme perte pour ces entrepreneurs. Peut-être qu’ils feront intervenir leurs assurances; peut-être que les employés qui travaillent dans ces structures vont se retrouver certainement en congé technique pour une durée indéterminée. Donc, ces destructions ont un impact socio-économique important pour des chefs de familles qui doivent subvenir aux besoins de leurs membres et d’autres qui ne pourront plus le faire pendant une certaine période. Et c’est un souci énorme.
Quels sont, de votre point de vue, les leviers à activer pour relancer la croissance et atteindre les objectifs de la Snd 30 ?
Nous ne pouvons pas et ne devons pas prendre une semaine de ralentissement des activités économiques, pour prétexte de la non atteinte des objectifs de la Snd 30. Néanmoins, le Président de la république, nouvellement élu, prendra certainement ses responsabilités. Et s’il juge opportun, au soir de sa prise de fonctions, il pourrait signer un certain nombre de décrets où il mettrait une équipe choc qui pourrait l’aider à matérialiser sa vision d’un Cameroun émergent à l’horizon 2035. Et c’est dans 10 ans.
L’autre mission de cette équipe serait d’aider les concitoyens à résister à toute dérive en structurant les habitudes par la puissance de l’exemple. Chaque citoyen devrait savoir que son comportement fait partie d’un ensemble bien plus grand; qu’il influence l’espace public. Cela doit donc se faire dans une certaine constance, dans la rigueur, la discipline et le respect des lois. Un peuple camerounais ordonné et conscient de ses responsabilités peut, en 10, matérialiser la voisin politique et programmatique de Son Excellence Paul Biya. Ce sera le miracle camerounais.
Quelles sont les attentes économiques du citoyen camerounais de la diaspora ?
Permettez-moi de féliciter le nouveau Président de la république, Paul Biya, pour sa brillante élection qui était très compétitive.
Pour les sept prochaines années, il restera le Président de tous les Camerounais de l’intérieur comme de l’extérieur. Je voudrais exorter la clémence du Chef de l’État pour nos manquements ici dans la diaspora; qu’il nous accorde son pardon en nous acceptant comme ses enfants prodigues et qu’il nous donne l’opportunité de l’accompagner dans ses missions selon nos expertises diverses aux côtés des concitoyens localement basés : en nous accordant la multinationalité, en nous accordant 30% du budget d’investissement et consultation accordé aux entreprises portées par les Camerounais de la diaspora; en impliquant des experts dans la gestion des entreprises stratégiques et autres projets de développement de notre pays.
Faisons donc de la diaspora une onzième région avec tout ce que cela peut comporter.
Quel est le rôle que vous avez joué pour la victoire de Paul Biya au Royaume Uni ?
Au Royaume Uni et en Irlande du Nord, nous avons mené une campagne ciblée. Et, les résultats ont donné vainqueur notre candidat, Paul Biya. Je voudrais féliciter ici nos équipes, menées par Sylvain Loning et moi-même, pour cette victoire éclatante. Au sortir des urnes, je pense que les Camerounais de l’extérieur ont envoyé un message à Son Excellence Paul Biya. En homme averti, je reste serein qu’il comprendra ce message et qu’il saura ce qu’il faudra en faire.
Il faut aussi noter le taux d’abstention qui est un facteur déterminant, parce qu’il faudra prendre en compte le fait que pour aller voter, d’aucuns parmi nous ont dû parcourir 500 Km. Il faut avoir l’amour pour son pays pour le faire.
Décrypté par Bertrand TJANI
