C’est le sentiment général qui se dégage au regard des chaudes empoignades, des batailles et scènes de violence qui se déroulent lors de ces élections au sein d’un même parti politique.
Le processus de renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) , qui se poursuit dans certaines sections alors qu’il s’est achevé dans d’autres montre aux yeux du monde les scissions internes au parti. En cause, la difficile acceptation des perdants du résultat des urnes quand bien même la commission électorale de section a fait preuve d’impartialité.
Les militants d’une même formation politique, plus est, au pouvoir qui doivent faire preuve de grandeur, affichent une intolérance sur le terrain. Surtout quand les résultats des urnes ne sont pas en leur faveur. Quand on n’enregistre pas des bagarres, des séquestrations de certains membres de bureaux de vote, il s’agit des invectives à l’endroit d’autres membres des commissions électorales qui vont même jusqu’à des menaces de mort. D’autres militants, dans certaines sous-sections, vont jusqu’à porter main sur les membres de la commission, arbitres de ces joutes électorales dans une section. Le comble de cette violence est arrivé dans un arrondissement du sud où le domicile de tout un sous-préfet a été incendié. Cela, pour des questions électorales au sein parti dominant qui prône pourtant le rassemblement. Sur le terrain effectivement, le climat est hypertendu dans le cadre de ces élections qui ont pour objectif de renouveler le sommier politique du Rdpc. Des sources internes au parti, font état de ce que dans les sections et sous-sections où il y a plusieurs candidatures en lice pour la présidence, il ne faut pas s’afficher avec l’une ou l’autre partie, au risque d’être lynché par l’autre camp en cas de défaite de celui-ci.
Selon des analystes, le Rdpc va sortir très divisé à la fin de ces opérations de renouvellement des organes de base. Cela s’explique par des actes de vandalisme et d’intolérance dont certains militants sont auteurs, au mépris de la circulaire du parti qui encadre ces opérations et même de la discipline du parti. Tout se passe comme si certains militants qui avaient l’intention de briguer des postes ne veulent pas lâcher du lest. Pour eux, c’est vaincre ou mourir, alors que la démocratie commande des attitudes républicaines qui voudraient qu’après une élection, le vainqueur soit félicité par le vaincu. Dans la grande majorité des sections disséminées au sein du Cameroun qui ont achevé cette opération, il est rare de voir un candidat malheureux faire preuve de fair-play. « Partout c’est la barbarie, la violence qui dictent leurs lois », se désole un militant convaincu.
Au regard de toutes ces dissensions au sein d’une même chapelle politique, beaucoup d’observateurs craignent une implosion du Rdpc. En ce sens que certains militants ne veulent pas accepter le verdict des urnes quand bien même l’élection a été transparente à 95%. Chacun voudrait arriver au poste de pouvoir alors qu’il s’agit ni plus ni moins d’un jeu électoral qui a pour objectif de rendre le parti dynamique. La perception générale qui se dégage est celle de l’existence de plusieurs factions au Rdpc qui obéissent à certaines personnalités et non au règlement du parti. Ce faisant, ces faits doivent amener les hautes instances à sévir pour le bien de ce parti qui est attendu sur certaines grandes échéances électorales qui se profilent à l’horizon.
Emmanuel MVELE