Nombre d’observateurs avertis de la scène pensent qu’il est temps d’expérimenter cette nouvelle donne afin de lutter efficacement contre les accidents de la circulation, qui endeuillent le pays non sans grever son budget.
40 morts, c’est le bilan des graves accidents de la circulation routière survenus au Cameroun les 04 et 05 août 2021 respectivement dans les arrondissements de Makenene, d’Awae et de Batchenga, impliquant les compagnies « Charter Express », « Avenir de la Kadey » et « Solidarité Plus Voyages ». Ces hécatombes interviennent après ceux des 19 et 21 juin 2021 survenus à la falaise de Dschang et dans la localité de Tonga, impliquant respectivement les compagnies « Général Express Voyages » et « Charter Express Voyages », où l’on aura enregistré 03 pertes en vies humaines. Il s’agit-là des chiffres loin d’être exhaustifs. Car, selon l’actualité, il ne passe pas longtemps sans qu’il n’y ait des morts et des blessés sur les axes routiers accidentogènes.
Face à la situation, le Ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, a pris un train de mesures, les unes jugées aussi draconiennes que les autres. Elles portent, entre autres, sur la traçabilité du trafic, la durée minimale des voyages, le listing des conducteurs assorties des photocopies de leurs permis de conduire ainsi que celles des cartes grises de tous les véhicules, l’affiliation des conducteurs à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps) et le listing des véhicules à exploiter, le respect du repos des chauffeurs dans les terminaux, l’affichage hebdomadaire du planning de rotation des chauffeurs, l’apposition sur les portières des camions des plaques propriétaires ainsi que les numéros de téléphones de manière visible à distance… Mais, certains observateurs avertis pensent qu’à cette batterie de directives, il faut greffer le retrait des points du permis de conduire. Cela pourrait contribuer à l’efficacité de la lutte contre les accidents de la circulation, qui atteignent des proportions importantes.
A l’épreuve de la mise en œuvre…
« Il s’agit de donner une valeur donnée en termes de points. Chaque infraction correspond à un nombre de points enlevés, jusqu’à la suspension du permis, pour une durée d’un an », informait Inspecteur général des services au Ministère Transports, dans la mouvance du passage du Cameroun au permis de conduire à points, le 1er janvier 2014. Une mesure considérée comme une réponse au nombre trop élevé de morts sur les routes. Selon Zacharie Ngoumbe, « ce nouvel arsenal répressif est un palier supérieur, qui vise à rendre le conducteur récidiviste comptable de la somme de ses infractions et en a assumer les conséquences… ».
Abondant dans son sens, Robert Nkili, ancien Ministre des Transports, se voudra résolu : « D’autres mesures drastiques seront prises à l’encontre des conducteurs des bus de transport en commun et camions accusés d’être responsables des hécatombes sur les axes routiers. Les agences de voyage sont invitées à plomber les moteurs de leurs cars de 30 à 70 places à une vitesse maximale de 110 km/h. Les camions sont appelés à ne pas excéder les 90 km/h. Les bus de transport en commun et les camions pris en flagrant délit d’excès de vitesse seront conduits en fourrière et le chauffeur interpellé auront des points retraits sur son permis ».
Sept ans plus tard, le Cameroun n’est toujours pas passé à la phase expérimentale de cette nouvelle trouvaille. Pourquoi ? Seules les instances compétentes sont à même de répondre à cette question. En attendant, il est important de savoir que le permis de conduire est constitué d’un capital de 12 points. En cas d’infraction au Code de la route (contravention ou délit selon la gravité) ou en cas de responsabilité dans un accident corporel, un retrait de points (s) est effectué. Tout conducteur peut ainsi connaître le solde de points de son permis de conduire en consultant le service. En rappel, le permis de conduire à points est né en France avec la loi n°89-469 du 10 juillet 1989.
Bertrand TJANI