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Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame : « Nous visons l’amélioration des services rendus à ceux qui attendent parfois tout de nous »

Invité de l’émission « Actualités Hebdo » le 4 avril 2021, dans le cadre du lancement du mois de la prévention des risques professionnels, le Directeur général de la CNPS a fait le tour d’horizon des sujets de sécurité sociale. In extenso, l’entretien avec Romuald Ntchuisseu Ngock.

Nommé à son poste par décret du 7 avril 2008, invité d’Ibrahim Shérif notre illustre prédécesseur, c’était le 12 avril 2020 et nous voici ce 4 avril 2021. Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame bonsoir et bienvenu

Bonsoir, merci de m’avoir invité

Ce ne sont que des correspondances hasardeuses sur le mois d’avril ?

Non c’est un calendrier fixé parce qu’avril pour nous c’est le mois de la prévention des Risques professionnels donc tous les mois d’avril nous célébrons ou nous passons un mois à faire la communication en prévention des risques professionnels, c’est un rituel.

De quoi s’agit-il exactement cette prévention des risques professionnels au niveau de la CNPS ?

Disons que la loi nous donne des pouvoirs en matière de prévention des risques professionnels, c’est-à-dire des maladies professionnelles et d’accidents du travail. Il ne suffit pas de réparer lorsque l’accident est survenu ou la maladie, mais il s’agit surtout de notre point de vue en tout cas de prévenir, c’est-à-dire de faire en sorte que ni l’accident ni la maladie ne surviennent. C’est la raison pour laquelle nous mettons un accent particulier à cette prévention, en tout cas à cette communication tout le mois d’avril de chaque année.

Très bien nous parlerons aussi beaucoup de retraite dans cette émission et je voudrais qu’on rappelle d’abord rapidement la pensée du Président de la République en ce qui concerne la retraite et je vais le citer : « Il ne s’agit pas, explique Paul Biya d’une sanction. C’est l’aboutissement normal d’une carrière passée au service de l’Etat elle correspond à une aspiration légitime au repos », et ça c’était le 20 juin 1987 à l’Assemblée nationale. Alors plus de 30 ans après M. le Directeur général on voit des Camerounais qui vont à la retraite comme on va au cimetière, le visage fermé, pourquoi ?

Je crains que ce soit surtout du fait d’un manque de préparation. Cette impréparation fait que la plupart rentre comme dans quelque chose d’inconnu et c’est la raison pour laquelle d’ailleurs à la CNPS nous organisons des formations, des espèces de colloques pour tous ceux qui vont à la retraite de manière à leur proposer une manière à les préparer mais surtout à s’engager dans certains projets qui peuvent être porteurs de revenus et entraîner une espèce d’enthousiasme, d’épanouissement supplémentaire parce que ce n’est pas la fin de la vie.

Cela a porté des fruits jusqu’aujourd’hui, ça rassure ceux qui sont partis à la retraite ?

Oui la preuve lorsque nous analysons l’espérance de vie à 60 ans de nos pensionnés, ils en sont à 60+15, ça veut dire que la moyenne vivent jusqu’à 75 ans. C’est dire qu’ils ont la possibilité de faire autre chose que ce qu’ils ont fait pendant leur carrière et nous espérons que ce temps va s’allonger plus que cela, c’est la raison pour laquelle nous essayons de les encadrer , de les former, les soutenir dans ces moments de retraite.

Il y a un spectacle qui n’est pas toujours admirable au niveau de certaines agences CNPS, c’est les longues files de ces personnes à la retraite qui attendent parfois debout. Est-ce que cela signifie qu’on ne respecte pas suffisamment les personnes « qui ont vécu » selon une expression très camerounaise ?

Ça c’est une image d’Epinal vous savez on confond beaucoup. Dès qu’on dit retraité on pense à la CNPS, non. La CNPS ne gère pas tous les retraités du Cameroun, nous gérons les retraités du secteur privé et parapublic. Donc ce dont vous avez vu les files s’allonger ne sont pas les nôtres.

Et donc les vôtres ont un traitement qui est plutôt honorable on va dire ?

Plus qu’honorable dans la mesure où ils ne s’alignent pas chez nous, ils ne s’alignent pas à nos guichets, il suffit qu’ils attendent chez eux, on leur envoie un message lorsque leur pension arrive et ils vont la percevoir à la banque, dans une micro finance ou à un distributeur de billets. Chez nous on ne fait pas de queue, on ne fait pas de ligne.

S’agissant de ces billets de banque, on peut les percevoir combien de temps après avoir engagé la procédure ? Prenons un cas, si demain je vais à la retraite, j’en ai pour combien de temps en termes de procédures à la CNPS pour passer à la caisse ?

Il est de notoriété aujourd’hui que c’est dès le mois suivant. C’est-à-dire si vous déposez votre dossier aujourd’hui, à la fin du mois vous avez votre pension le 27. Tous les 27 on perçoit sa pension, c’est un mois maximum.

Et ça c’est grâce à une sorte d’automatisation de certaines procédures que vous avez mises en place à la CNPS ?

Oui tout à fait. Nous avons d’abord réduit le temps des procédures, nous avons réduit les étapes et nous avons automatisé les procédures donc dès lors qu’elles sont dématérialisées, vous comprenez que le temps n’est plus un obstacle au contraire, il devient un allié pour nous et pour le bénéficiaire de la prestation. Ça c’est les pensions, vous les percevez le mois d’après. Pour les allocations familiales et les autres prestations de court terme c’est quasi immédiat.

S’agissant des allocations familiales vous nous permettez tout de suite d’enclencher les mesures prises par le président de la République, est-ce que le relèvement de ces allocations est effectif ?

Le relèvement n’est pas encore effectif parce que nous attendons encore la formalisation règlementaire de cette décision qui va survenir certainement.

Qui devrait formaliser ?

C’est par un décret que la formalisation est faite.

Autrement dit aujourd’hui on ne peut pas savoir ce que cela pourrait coûter ou va coûter à l’Etat du Cameroun, à la CNPS en l’occurrence ?

Nous savons ce que cela va nous couter, nous y sommes préparés. En matière d’allocations familiales cela va nous couter à peu près 8 milliards. Nous n’avons aucune sorte d’inquiétude lorsque la formalisation sera faite.

Alors dites-moi un relèvement de l’âge de départ des fonctionnaires ou des agents de l’Etat à la retraite ça apporte quoi de manière concrète au plan de la sécurité sociale ?

Ecoutez ! C’est une mesure à la fois sociale et économique. Sociale parce que cela permet à ceux qui ont travaillé durement, je présume, tout au long de leur carrière, de se reposer à 60 ans qui est ne l’oublions un âge supérieur à celui de l’espérance de vie au Cameroun qui est d’à peu près 56 ans. Ceux-là donc peuvent se reposer, ils peuvent changer d’activité, faire autre chose. C’est aussi une mesure économique dans la mesure où rallongeant la durée de cotisation cela donne  un répit et une trésorerie supplémentaire  à la CNPS ou à l’Etat, chacun en ce qui le concerne, qui diffère ce faisant le paiement de la pension.

Cette durée de cotisation Monsieur le Directeur général, elle est de combien d’années pour aspirer donc à passer à la caisse si on est appelé à faire valoir ses droits à la retraite. Il faut cotiser combien de temps ?

Il y’a un minimum, à la CNPS c’est quinze ans c’est-à-dire 180 mois. Il faut avoir travaillé au moins 180 mois. En tout cas, cotiser au moins cent quatre-vingt mois pour bénéficier d’une pension, en dehors de cela, on a ce qu’on appelle une allocation qui vous est versée en une seule fois.

Il se pourrait qu’aujourd’hui les chiffres des personnes couvertes par la CNPS ne soient pas extraordinaires par rapport à l’existant ?

Je dirais qu’il est très impressionnant. Maintenant si vous me dites que ça ne couvre pas tous les Camerounais, bien entendu. D’abord, nous ne couvrons pas les fonctionnaires, eux, ils relèvent du régime de la fonction publique et ils ne couvrent pas ceux du secteur informel qui ne sont pas affiliés et c’est notre cible privilégiée aujourd’hui. Nous recherchons vers ceux-là je dirais une nouvelle clientèle nous y allons bon an mal an nous avons à ce jour 242.000 du secteur informel, nous espérons en avoir beaucoup plus dans les prochaines années, mais en termes de couverture du secteur dit obligatoire, je crois que les chiffres sont satisfaisants.

Alors s’agissant toujours de l’harmonisation de l’âge de départ à la retraite, elle pose un problème celui de l’ouverture de cette fameuse Caisse nationale du personnel de l’Etat prévue par la Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030. Est-ce-que la CNPS va vers une concurrence ?

Non au contraire je crois que c’est quelque chose de très positif si cela advient, c’est très positif, cela va développer davantage la sécurité sociale, donc c’est un complément à ce que nous faisons, ça se fait déjà au niveau du Ministère de la Fonction publique, couplé au Ministère des Finances. L’idéal effectivement serait qu’il y’ait une Caisse du secteur publique, des fonctionnaires.

Donc vous ne redoutez pas une ponction sur, on va dire les parts de marché de la CNPS ?

Nous ne serons pas le cas échéant concurrents, mais plutôt partenaires.

Les mesures prises par le Président de la République que nous venons d’évoquer, elles interviennent dans un contexte qui est celui de la crise sanitaire et qui se transforme elle-même en crise économique. Est-ce qu’au niveau de la CNPS vous avez pris la mesure de la chose, vis-à-vis des entreprises qui sont peut-être vos clients ou alors vos partenaires, et leur apporter peut-être des mesures d’assouplissement, dans le cadre de vos interactions, pour les accompagner ?

Absolument, en répondant aux prescriptions du gouvernement, instruites par le Président de la République, nous leur accordons toutes les facilités de paiement, et que ceux qui en font la demande, nous leur accordons une espèce d’échelonnement, un échéancier plus ou moins long de paiement, et nous accordons même des remises gracieuses de pénalité de majoration de retard. Pour ceux qui ont payé hors délais ou qui ont télé-déclaré leurs personnels hors délais, ils subissent automatiquement des pénalités ou les majorations mais nous sommes très enclins sur leur demande à leur accorder des remises de manière à soutenir quelque peu leur trésorerie, donc ils ont tout notre soutien pour leur permettre à la fois de ne pas trop souffrir de  cette situation économique, mais aussi de pouvoir couvrir convenablement leurs personnels qui pourraient ainsi bénéficier des prestations sociales que nous offrons.

Ce soutient ne va pas on va dire jusqu’à la suspension du paiement ?

Cela n’est pas possible, dans la mesure où ce sont ces paiements qui nous permettent aussi d’effectuer nos prestations.

Mais la CNPS est en surliquidité me semble-t-il ?

Vous convenez très bien que si vous ne faites que dépenser sans encaisser, vous courez à la faillite.

Mais vous confirmez cette information, la CNPS est surliquide ?

C’est une réalité, on ne peut pas le nier puisque les chiffres sont indiqués, nous en sommes particulièrement fiers. Mais je le dis encore une fois, ce n’est pas une raison ni pour baisser les bras ni pour nous livrer à des dépenses tous azimuts sans nous préoccuper des revenus, des encaissements qui garantissent en réalité la pérennité du système que nous gérons.

Monsieur le Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale qu’est-ce qui peut justifier que ce bébé, la couverture santé universelle ne vive pas pleinement ses premiers moments.

Ecoutez ! Cela relève d’abord du gouvernement, je crois que le gouvernement est engagé à mettre en œuvre cette CSU. Quant au timing vous savez il y’a des choses qu’on prévoit et qu’on ne peut pas toujours réaliser dans le temps prévu, mais je crois savoir que, moi-même j’y ai participé ces derniers jours. J’ai participé à certains travaux y relatifs et je crois que le gouvernement est décidé à mettre en œuvre cette CSU dans les meilleurs délais.

Pour vous, de votre expérience et de votre position vous êtes plutôt optimiste ?

Oui il n’y a pas lieu d’être particulièrement pessimiste c’est vrai qu’il y’a toujours des ajustements entre l’idéal que recherche le gouvernement et la réalité de terrain, il y a parfois un hiatus qu’il faut simplement combler. Je crois savoir que ce hiatus est en train d’être comblé. C’est une question technique moins que politique ou de volonté, je ne doute pas je vous le dit bien.

La volonté politique est réelle ?

La volonté politique est réelle. Le Président de la République l’a demandé, le gouvernement est en train d’y travailler il y a eu je crois pour ce que j’en ai perçu, des détails techniques qui n’ont pas toujours été ce qui était escompté au début.

Sur lesquels vous ne souhaitez pas en parler ?

Il ne m’appartient pas d’en parler, mais je crois qu’après les observations qui ont été faites par certains, le gouvernement ajuste sa proposition. Il y reviendra très bientôt pour le grand bénéfice des Camerounais et pour satisfaire la prescription et la volonté du Président de la République. Il ne faut pas désespérer, ça viendra assurément.

Revenons sur les choses à propos desquelles vous pouvez parler plus librement parce qu’il s’agit de vos prestations. Voici quelques indications de l’assurance volontaire destinée aux travailleurs indépendants et ceux du secteur informel comme on les appelle également : 85.000 immatriculations en 2015, c’était les débuts ; 16.000 en 2018 et un peu plus de 19.000 en 2019. Qu’en est-il ?

D’abord c’est un phénomène normal statistiquement parlant, c’est-à-dire les débuts sont toujours très enthousiasmants. Il y a une espèce de flamboiement d’inscriptions, d’immatriculations lorsqu’un produit nouveau est lancé avec ce que cela suppose de communication et d’implication de tous. Puis, chemin faisant il y’a une espèce de mitigation du phénomène, mais nous avons adopté une stratégie en deux volets. Le premier volet c’est de ré-intensifier la communication. Cette fois-ci nous travaillons en collaboration avec le gouvernement et certains partenaires au développement comme on les appelle, pour booster ce produit. Donc cela sera fait. Nous avons un programme qui reprend dès ce mois d’avril on l’espère et l’autre volet, c’est effectivement de réajuster un peu le produit si le produit n’est plus tout à fait attrayant il faut le réajuster.

Qu’est qui fait problème c’est l’environnement ou c’est la qualité du produit ?

C’est les deux sans faire dans la langue de bois, aussi bien l’environnement parce que crise économique oblige, les gens ont peut-être moins de moyens pour adhérer, payer une cotisation régulière mais c’est aussi il faut bien le dire, j’ai failli dire l’avouer, le produit qui doit être réajusté par un certain nombre de paramètres que nous avons déjà proposés au gouvernement, je crois que le gouvernement y travaille pour que ce soit fait. Il faut réemballer pour parler comme dans le commerce le produit. Ce sera fait pour le rendre plus attrayant, plus intéressant, notamment dans les enquêtes que nous avons effectué il nous est revenu que nos clients potentiels qui ont du mal parfois à se positionner sur le long terme puisqu’il s’agit du secteur informel, des gens qui travaillent au jour le jour donc gagnent leur pain au quotidien comme l’expression le dit. Donc ceux-là souhaitent avoir des prestations de court terme. Jusqu’aujourd’hui ils ont bénéficié de la pension, mais ils souhaiteraient aussi bénéficier par exemple des allocations familiales pour leurs enfants, ils souhaiteraient bénéficier des risques professionnelles, de maladies professionnelles, des accidents du travail et des propositions qui ont été faites pour que le produit en lui-même soit plus attrayant et ipso facto donc entraine une adhésion plus massive de ceux que nous visons c’est-à-dire du secteur informel.

Alors, vous avez parlé tout à l’heure, du pain quotidien, ce n’est plus une équation facile en contexte de Coronavirus, vous ressentez les effets de la pandémie de la crise sanitaire au niveau de la CNPS ?

Oui nous le ressentons d’une manière paradoxale c’est-à-dire que aussi bien nous enregistrons une baisse des entreprises qui s’immatriculent donc il y’a moins d’entreprises qui se créent, qui s’immatriculent, mais en même temps une augmentation du nombre de personnes qui s’affilient cela signifie que beaucoup d’entreprises qui étaient plus ou moins clandestines ou qui ne déclaraient peut-être pas toujours leurs personnels, par le caractère attractif de la CNPS, par ces moments ci qui puis est, poussent leurs personnels qui jusque-là étaient donc, je ne veux pas dire dissimulés, mais en tout cas inconnus, les poussent à s’immatriculer.

Ces entreprises qui ne s’immatriculent pas M. le Directeur général c’est une forme de banditisme si on ne veut pas mâcher les mots. Comment vous les traitez, vous n’avez pas de moyen de pression ?

Oui s’il faut être cru peut-être. Nous nous préférons un vocabulaire plus urbain c’est-à-dire que nous considérons que c’est des gens qui hésitent ou ont quelques difficultés.

Vous préférez dire que c’est de l’incivisme ?

C’est de l’incivisme, C’est davantage de l’incivisme que du banditisme parce que, c’est un mot qui a des implications y compris au pénal, nous ne souhaitons pas aller là-bas, nous préférons œuvrer dans une espèce de diplomatie, de dialogue pour les amener. C’est lorsque nous constatons une réticence volontaire, persistante que nous frappons. Donc, ceux-là nous travaillons au jour le jour pour les amener à s’immatriculer et à immatriculer leur personnel.

Prenons le cas des entreprises qui ferment du fait de la pression liée au coronavirus, quel est le sort des personnels du point de vue de la sécurité sociale ?

C’est un sort assez difficile il faut le dire, c’est difficile parce que ceux-là, ils ne sont plus couverts.

Ils ne peuvent aspirer à rien ?

Avant soixante ans non, donc ils perdent le bénéfice des allocations familiales parce que, ils n’ont plus d’emplois et s’ils n’ont pas une ancienneté ou une cotisation de cent quatre-vingt mois, ils ne peuvent pas à soixante ans bénéficier d’une pension.

La CNPS a le beau rôle là en ce moment ?

Non ce n’est pas le beau rôle parce que nous ne sommes pas là pour garder leur argent.

Pourquoi vous ne leur donnez pas quelque chose ?

Dura Lex sed Lex, parce que la loi le prévoit, ainsi c’est notre système de sécurité sociale, il faut que la caisse ait un certain argent qui lui permette de payer les prestations. Si nous ne faisons que payer, nous courons à la faillite, il faut encaisser de l’argent. Donc pour ceux-là, il faut souhaiter que ce ne soit que de mauvais moments à passer et que d’ici très peu notre économie reparte et que l’emploi se récrée et qu’ils soient recrutés et qu’ils payent leurs cotisations sociales.

J’imagine, Monsieur Noel Alain Mekulu Mvondo Akame que quel que soit la conjoncture, la table du Directeur Général de la CNPS ne peut-être que fournie ?

Contrairement aux apparences, je suis plutôt frugal, je suis abonné au Nkwem qu’on retrouve partout et qui ne coute pas grand-chose, je mange du Ntouba, la sauce d’arachide et des fruits.

Et du coup, vous n’avez pas vu passer cette fièvre ?

Non, je ne suis pas abonné aux poissons importés, je consomme exclusivement du local.

S’agissant du local, Monsieur le Directeur Général, on vous aperçoit ces derniers temps en visite de chantier au quartier Hippodrome à Yaoundé, un chantier de type R+8, qui n’est pas sans rappeler l’immeuble de l’émergence. Qu’est-ce qui justifie cet attrait de la CNPS pour l’immobilier ?

Pour ceux qui sont accoutumés à la sécurité sociale et aux stratégies de pérennité des systèmes de sécurité sociale, ils savent que l’une des armes de préservation de la pérennité ou de garantie de la pérennité d’un système de sécurité sociale, c’est l’investissement et notamment les placements rentables. Et l’un des secteurs les plus rentables en tout cas au Cameroun et sans doute ailleurs aussi, c’est l’immobilier.

Et que répondez-vous à ceux qui disent ou qui diraient qu’il s’agit là d’une débauche d’énergie au détriment de votre cœur d’activité ?

C’est précisément le cœur d’activité, par ce que vous voyez, aujourd’hui si on a du mal à obtenir des cotisations sociales, c’est par ce qu’il y’a crise économique. Vous conviendrez qu’il faut rechercher d’autres sources et l’une de ces sources, c’est le rendement des secteurs tels que l’immobilier. Donc il faut construire en même temps que cela participe du développement urbain, de la politique gouvernemental en matière d’habitat, en matière d’assainissement des villes, de beauté de la ville ; donc nous essayons de rendre compatible l’ensemble des exigences à la fois, nous contribuons au développement du Cameroun et en même temps, nous garantissons des revenus qui ne sont pas que ceux des cotisations sociales et des travailleurs qui parfois comme c’est le cas aujourd’hui peuvent advenir à manquer en cas de crise économique donc c’est une nécessité managériale de placer dans l’immobilier entre autre chose.

Comment contrôlez-vous les bénéfices issus de ces placements sachant que vous avez pratiquement les pleins pouvoirs jupitériens, vous n’avez pas d’Agent comptable. Vous êtes un DG qui a les mains libres, comment contrôlez-vous donc la gestion de ces revenus ?

Il y’a une direction financière, je ne sais pas si vous connaissez des entreprises où il y’a un Agent comptable et un Contrôleur financier qui ont des meilleurs résultats que nous. C’est pour dire que c’est un maillon qui concerne un certain type d’établissements publics mais qui n’assure en rien la performance et la qualité de la gestion, la preuve nous n’en avons pas. Nous faisons les meilleurs résultats au Cameroun donc ceci explique cela.

Ces résultats Monsieur le DG à quoi les attribuez-vous ? C’est à la mutation décidée par le Président de la République au terme du décret, je pense de Juin 2018, ou alors au dynamisme de votre personnel, sinon au votre vous-même ?

Ecoutez ! Depuis que je suis Directeur général, c’est-à-dire Avril 2008, nous avons des résultats sans cesse croissants, alors c’est tous les jours que nous essayons d’améliorer, ce n’est pas quelque chose de figé, de cadenassé dans une forme de quotidien sclérosant. Non, nous sommes dans une dynamique d’amélioration continuelle, dans tous les aspects du terme que ce soit les procédures internes, que ce soit la qualité des placements, que ce soit la manière dont le personnel est suivi je voulais dire, la rigueur dans laquelle les choses sont organisées. C’est tout cela dans la synergie qui nous permet d’obtenir les résultats que nous avons, c’est un ensemble, c’est une stratégie que nous menons et qui nous permet d’arriver à ces résultats que nous espérons continuellement positifs, performants.

Alors, toujours s’agissant de ces résultats, lorsque des assurés apprennent que la CNPS réalisent plus de 72 milliards de Francs CFA d’excédents en 2020 et c’est ainsi, vous l’avez dit vous-même depuis quelques années à quelques chiffres prêts. Vos assurés se disent donc que vous prélevez trop et vous ne reversez pas assez. Est-ce qu’il ne faut pas revoir la grille de répartition ?

Ecoutez ! C’est une grille qui a été arrêtée depuis plusieurs années.

Elle est inamovible ?

Quand vous avez un salaire de 1000 francs qui vous permet de faire des économies, de prévoir l’avenir et qu’on vous dise, ah ! Cessez de prévoir l’avenir, cessez d’épargner, revenez à 500 francs, je ne crois pas que ce soit la solution. La meilleure solution pour nous c’est de dire tant que nous faisons de bons résultats, nous ne demandons pas d’augmentation du taux de cotisations par ce que nous avons une aisance de trésorerie qui nous permet de voir loin dans l’avenir, donc de garantir à tous nos assurés une prestation sociale à long terme. Vous savez d’aucuns ont l’habitude de le dire la sécurité sociale ce n’est rien d’autre qu’une promesse sur l’avenir. C’est-à-dire, nous faisons aux travailleurs une promesse qu’ils auront une pension dans 20, 30, 40, 50 ans.

S’agissant de cet avenir et des ces promesses, quels sont aujourd’hui les chantiers de la CNPS qui pourraient fondamentalement modifier le cours des choses dans un avenir peut-être proche ou on va dire lointain ?

Non, mais il faut le savoir dans quel sens, on ne modifie pas pour modifier. On modifie pour faire un ajustement, pour améliorer dans un sens voulu, donc pour l’instant nous pensons que la manière par laquelle nous procédons nous donne de bons résultats. Si nécessaire, nous allons modifier les choses mais pour l’instant nous nous en tenons aux principes qui dictent notre action. Cela dit nous restons dans le principe d’amélioration continu, si tant soit peu il y’a quelque chose à améliorer, nous sommes preneurs et nous y allons.

En tout cas, ce n’est pas moi qui vous ferai des propositions. Dites-moi parlant par exemple du télétravail, vous pensez que passé le coronavirus c’est un mécanisme que vous allez définitivement domestiquer et conserver, ou alors vous séparer après ?

Ecoutez ! Le télétravail, il faut le différencier dans une circonstance exceptionnelle comme celle que nous vivons en ce moment du télétravail, principe de travail. Pour les circonstances exceptionnelles, c’est bienvenue en ce qui nous concerne, nous nous y adonnons. Nous avons réorganisé nos méthodes de travail, nos procédures, donc nous avons mis en télétravail quasiment un personnel sur trois. Nous n’avons eu aucune difficulté par ce que nous avons l’équipement pour ça, nous y étions préparés déjà. Par contre, s’il s’agit d’une nouvelle procédure ou mode de travail, il faut y réfléchir par deux fois par ce que cela a des conséquences qui ne sont pas toujours celles qu’on pouvait espérer dans un cadre où il faut promouvoir le travail, l’emploi.

En un mot comme en mille, vous suspendez votre jugement sur la question ?

Non, je ne suspends pas, je suggère qu’on y mène une réflexion très raisonnable par ce que j’ai parfois entendu des gens dire qu’on va mettre un employé qui va s’occuper de 3, 4, 10 institutions, mais cela pourrait aussi signifier la perte d’emplois. Il faut que le gouvernement, je sais qu’il y travaille, sache les postes de télétravail qu’il va fixer et d’autres qui ne pourraient pas faire l’objet de télétravail sinon cela pourrait entrainer la suppression ou une non création d’emplois. Je ne suis pas sûr que ce soit toujours la volonté de l’Etat par ce qu’il ne faut pas toujours faire ce que les autres font, il faut avoir une autonomie d’actions, de pensées, de réactions qui correspondent à notre environnement réel, à ce que nous voulons. Si nous voulons créer davantage d’emplois, il faut donc être circonspect en matière de télétravail et donc ne pas s’y jeter comme un effet de mode comme on le voit ailleurs par ce que cela correspond à d’autres impératifs qui ne sont pas toujours les nôtres, donc il faut une réflexion très approfondie avant de l’adopter et de le généraliser je voulais dire.

Monsieur le Directeur général je sais que vous êtes une personnalité Android, je vous invite donc à faire un clic pour surfer sur les plateformes de la CRTV et retrouver les questions posées par les internautes et rassemblées par Elvis BIMBA, le rédacteur en chef web. Sylvin MAKA MAKA dit : nos allocations familiales sont toujours à 2800 par enfant malgré les annonces du gouvernement qu’est-ce qui bloque ? C’est vrai que vous avez répondu à cette question, mais peut être vous pouvez rappeler en quelques secondes la raison.

La formalisation viendra certainement.

A quand la décentralisation effective des pensions retraite ? La question de Jean Pierre DJOBBI WADEM.

Écoutez ! Je ne sais pas très bien ce qu’il demande. La décentralisation nous n’en avons pas besoin dès lors que tout est dématérialisé quel que soit le lieu où on a son dossier on peut être payé exactement dans les mêmes délais que partout ailleurs. Donc ce n’est pas un principe pertinent en ce qui nous concerne.

On n’a pas besoin de venir absolument à Yaoundé ?

Non du tout.

Raphael NDOUBENA lui a une préoccupation vraiment pratique, pourquoi le recrutement  à la CNPS reste une énigme ? C’est énigmatique le recrutement à la CNPS ?

C’est énigmatique pour lui mais pas pour ceux qui savent  qu’il faut faire une demande d’emploi. Et la demande d’emploi en soi-même ne signifie pas recrutement sinon moi j’en reçois une dizaine tous les jours. Je ne peux pas recruter les dix personnes qui font une demande tous les jours donc ce n’est pas une problématique particulière en ce qui me concerne. 

Alors M. le Directeur général la CNPS ne couvre pour le moment que 7 des 9 domaines de la sécurité sociale identifiés par l’Organisation Internationale du Travail. A quand l’extension aux domaines restants ou alors ce n’est pas nécessaire pour notre pays ?

Ecoutez ! Nous sommes des exécutants de la politique gouvernementale, pour l’instant le gouvernement n’a pas adopté le chômage comme prestation sociale, mais comme on l’a dit en début d’émission, est en train d’adopter la maladie donc lorsqu’elle sera là, le Cameroun pas simplement la CNPS, aura une huitième prestation.

Noel Alain Olivier MEKULU MVONDO AKAME, qu’est-ce qui fonde votre fierté particulière ? Celle de votre action depuis que vous êtes à la CNPS ?

C’est facile à dire à chaque fois que des retraités réagissent en disant qu’ils sont fiers de ce que nous faisons, qu’ils sont heureux de notre réactivité, notre manière de les servir, d’améliorer la qualité des services, c’est  la chose qui me rend le plus fier.  Maintenant nous avons les résultats financiers aussi. Etre l’entreprise la plus performante au Cameroun, secteurs privé et public confondus est un motif de fierté également y compris d’ailleurs quasiment en Afrique francophone.

Cela ne vous amène pas à rêver de passer  en bourse ?

La nature de notre institution ne nous permet pas de passer en bourse, cela n’est pas envisageable.

Alors pour terminer M. le Directeur général, je ne trahirais aucun secret en disant que vous êtes un amateur d’athlétisme ?

Pas seulement, je suis un amateur de sport.

Vous connaissez donc certainement la devise olympique ?

Oui, celle qui consiste à aller plus vite, plus haut et plus fort.

Depuis votre arrivé à la CNPS nous constatons que chaque année et chaque jour vous allez plus vite, plus fort et plus loin, quelle est votre destination ? Qu’est-ce que vous visez ?

L’amélioration des services rendus à ceux qui attendent parfois tout de nous.

Parvenu à ce stade excédentaire de vos recettes et exemplaire de vos performances, vous estimez que tout est terminé et que vous avez atteint donc votre destination ? 

Ecoutez ! Il est parfois plus difficile de rester au sommet que d’y accéder. Le plus dur c’est d’y rester en améliorant les choses, vous vous doutez que nous maintenons nos efforts qui sont lourds parce que ce n’est pas gagné, ce n’est pas acquis. C’est extrêmement difficile d’arriver à ce niveau, de se préserver surtout que malheureusement chez nous le succès semble attirer les ennuis plus que les félicitations.

Vous ne souhaitez plus en avoir tant que ça ?

Écoutez ! Nous nous sommes habitués.

Monsieur le Directeur général de la CNPS merci d’être venu à cette émission.

Merci beaucoup de m’avoir invité, c’est un grand plaisir de converser avec vous et surtout j’espère avoir apporté quelques éclaircissements sur ce que nous faisons à la CNPS et je demande aux Camerounais qui suivent nos activités, à nos assurés sociaux de garder toujours confiance en nous, nous continuerons tant que nos forces nous permettrons, d’améliorer la qualité de service pour leur bénéfice parce que ce sont eux qui sont nos véritables patrons.

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