À moins de deux semaines des échéances cruciales pour les éliminatoires du Mondial 2026, la liste des 36 présélectionnés par Marc Brys, le sélectionneur des Lions Indomptables du Cameroun, a déclenché une véritable tempête sur la toile camerounaise. Entre absences inexpliquées de jeunes talents prometteurs et rappels de joueurs sans club, cette sélection interroge sur l’autonomie sportive du technicien belge et la sincérité du projet des Lions Indomptables.
Des absences qui font scandale
La principale source d’indignation réside dans l’omission de noms qui brillent actuellement sur la scène européenne. Etta Eyong, présenté comme une révélation à Villarreal, et Christian Michel Kofane, qui s’illustre avec le Bayer Leverkusen, sont les figures de proue de cette génération sacrifiée. Leur non-convocation est perçue comme une injustice flagrante et un manque de vision à long terme, privant l’équipe de forces vives en pleine ascension. Les internautes et analystes locaux ne comprennent pas comment des joueurs en pleine forme et performants dans des championnats majeurs peuvent être ignorés au profit de choix jugés discutables.
Des retours qui interrogent
À l’inverse, le rappel de joueurs sans club ou en manque criant de compétition suscite l’incompréhension générale. Les cas de Vincent Aboubakar, capitaine emblématique mais sans club depuis plusieurs mois, et de Fai Collins sont particulièrement pointés du doigt. Comment justifier la présence de ces joueurs, dont le niveau de compétition est forcément impacté par leur inactivité, alors que des talents actifs et méritants sont laissés de côté ? Cette situation alimente les soupçons d’une sélection dictée par des pressions extérieures plutôt que par des critères purement sportifs.
Un sélectionneur sous influence ?
La polémique autour de cette liste renforce l’idée que Marc Brys ne serait pas le seul maître à bord. Des rumeurs persistantes évoquent l’ingérence d’agents, de membres de la fédération ou même de personnalités politiques dans le processus de sélection. Le sélectionneur belge semble davantage subir des pressions que diriger sportivement son équipe. Cette perception est d’autant plus forte qu’un incident passé, où Brys n’aurait pas reconnu un joueur qu’il avait lui-même convoqué, avait déjà semé le doute sur son autonomie et sa connaissance approfondie du vivier camerounais.
Le conflit FECAFOOT-Ministère des Sports en toile de fond
Cette nouvelle controverse s’inscrit dans un contexte de tension institutionnelle persistante entre la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), dirigée par Samuel Eto’o, et le Ministère des Sports. La FECAFOOT aurait d’ailleurs demandé à Marc Brys de revoir sa liste, notamment pour corriger la présence de joueurs sans club. Cette guerre de pouvoir, loin des terrains, fragilise la préparation des Lions Indomptables et sème le doute sur la sérénité nécessaire à l’approche de matchs cruciaux pour la qualification au Mondial 2026. Chaque point compte, et cette instabilité extra-sportive pourrait bien coûter cher au Cameroun.
La toile camerounaise, voix du peuple, exprime son désarroi face à une situation qui semble échapper à toute logique sportive. L’appel est clair : une sélection basée sur le mérite, la forme du moment et une vision d’avenir, loin des influences et des conflits qui minent le football camerounais. L’avenir des Lions Indomptables en dépend.
Zoom sur les joueurs au cœur de la polémique
Les jeunes talents ignorés
Etta Eyong (Villarreal CF) : Âgé de 21 ans, Karl Edouard Blaisse Etta Eyong est un attaquant camerounais qui évolue au Villarreal CF en Espagne. Décrit comme un attaquant puissant avec un sens du but remarquable, il est devenu un élément important de l’équipe de La Liga. Ses statistiques récentes montrent une participation active et des performances notables, notamment un but lors de la victoire 2-0 de Villarreal contre le Real Oviedo. Sa valeur marchande est estimée à 5 millions d’euros.
Christian Michel Kofane (Bayer Leverkusen) : Ce jeune attaquant camerounais de 18 ans, né à Douala, évolue au Bayer 04 Leverkusen en Allemagne. Il a récemment marqué son premier but en compétition pour le club, après être entré en jeu à la 78e minute. Kofane est considéré comme un talent prometteur, ayant marqué huit fois en 20 apparitions professionnelles pour Albacete avant de rejoindre Leverkusen. Sa valeur marchande est également estimée à 5 millions.
Les retours controversés
Vincent Aboubakar : L’attaquant de 33 ans, figure emblématique des Lions Indomptables, est sans club depuis le 9 mai 2025 [15]. Avant cela, il a évolué notamment à Hatayspor, Besiktas, Porto et Lorient. Malgré son statut de joueur libre et son manque de compétition, il a été rappelé par Marc Brys, une décision qui a suscité de vives critiques compte tenu de son inactivité
Fai Collins : Le défenseur latéral droit de 33 ans est également sans club depuis le 1er juillet. Après avoir quitté Radnicki Nis, il a signé en février 2025 avec le club bosnien FK Sloboda Tuzla, mais son statut actuel reste incertain. Son rappel, malgré une période d’inactivité et un passage dans un championnat moins huppé, a également alimenté là.
Le bras de fer institutionnel en toile de fond
La polémique autour de la liste de Marc Brys ne peut être dissociée du conflit persistant entre la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), dirigée par Samuel Eto’o, et le Ministère des Sports. Ce bras de fer, qui dure depuis plusieurs mois, a connu de nombreux rebondissements et continue d’impacter la gestion du football camerounais
Le Ministère des Sports reproche à la FECAFOOT de ne pas avoir sollicité son aval pour certaines décisions, notamment concernant le processus électoral. Des accusations d’ingérence et de mauvaise gestion des fonds alloués au football professionnel ont également été formulées. Samuel Eto’o, de son côté, a souvent défié les directives du gouvernement, affirmant l’autonomie de là.
Ce conflit a des répercussions directes sur la sélection nationale. Les joueurs eux-mêmes ont parfois appelé à l’unité face à ces tensions, craignant que cette instabilité n’affecte leurs performances. La situation de Marc Brys, pris entre le marteau et l’enclume, est emblématique de cette guerre de pouvoir qui mine la sérénité des Lions Indomptables à l’approche d’échéances cruciales pour les éliminatoires du Mondial 2026
Vincent Aboubakar et l’ombre du record d’Eto’o : une convocation nécessaire ?

La présence de Vincent Aboubakar dans la liste de Marc Brys, malgré son statut de joueur sans club, soulève une question fondamentale sur la toile camerounaise : sa convocation est-elle réellement justifiée par des critères sportifs, ou est-elle motivée par d’autres considérations, notamment son désir de dépasser le record de buts de Samuel Eto’o en sélection ?
Vincent Aboubakar, avec son expérience et son statut de capitaine, est sans conteste une figure majeure du football camerounais. Cependant, son inactivité prolongée interroge sur sa capacité à apporter une contribution immédiate et décisive à l’équipe nationale, surtout à l’approche de matchs cruciaux pour les éliminatoires du Mondial 2026. Les supporters et analystes estiment qu’à ce stade de la compétition, la priorité devrait être donnée aux joueurs en pleine forme et compétitifs, capables d’apporter une plus-value immédiate sur le terrain.
La rumeur selon laquelle Aboubakar chercherait à tout prix à dépasser le nombre de buts de Samuel Eto’o en sélection nationale circule avec insistance. Si cette ambition est légitime pour un attaquant, elle ne devrait pas, selon de nombreux observateurs, primer sur les impératifs sportifs du moment. La question de la nécessité de sa convocation, dans ce contexte précis, devient alors centrale. Est-il judicieux de risquer la performance collective pour une quête individuelle, aussi noble soit-elle ? Cette interrogation ajoute une couche de complexité à une polémique déjà riche en rebondissements, et renforce le sentiment d’une gestion de la sélection qui s’éloigne parfois des principes purement sportifs.
Gérald Nyatte