Ce 16 octobre 2023 au Cameroun comme dans le reste du monde a eu lieu la commémoration de cette journée sur le thème « l’eau, c’est la vie, l’eau nous nourrit. Ne laisser personne de côté ». Le représentant Fao Cameroun, Dr Athman Mravili pour l’occasion est revenu au cours d’une déclaration sur les réalisations menées sur le terrain, dans les trois régions septentrionales du pays, afin de garantir l’eau à tous les niveaux.
Ci- dessous ladite déclaration.
« Nous ne devons pas prendre l’eau pour acquise : nous devons travailler ensemble pour gérer une ressource limitée et précieuse », Par le Dr Athman Mravili, Représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Cameroun.
Cette année, la Journée mondiale de l’alimentation célèbre l’une des ressources les plus précieuses de la planète : l’eau. C’est essentiel à la vie sur terre. Elle couvre 72 % de la surface du globe, représente plus de 50 % de notre corps, nous aide à nous nourrir, soutient nos moyens de subsistance et joue un rôle essentiel dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD).
Le contexte législatif sur l’eau au Cameroun, par la loi N°98/005 du 14 avril 1998 portant régime de l’eau, en son article 2, alinéa 1, fait de l’eau un bien du patrimoine commun de la Nation dont l’Etat assure la protection et la gestion, et en facilite l’accès équitable à tous en mettant un accent sur les besoins des femmes, des filles et des groupes vulnérables.
La croissance démographique rapide (avec un taux de 2,6% en 2021), l’urbanisation, l’industrialisation, le développement économique et la crise climatique ont tous mis à rude épreuve nos ressources en eau. Combinée à la pollution de l’eau et le manque de gestion coordonnée, cela crée un mélange complexe de défis qui se chevauchent, avec des conséquences désastreuses pour la sécurité alimentaire mondiale. Les petits exploitants agricoles, en particulier les pauvres, les femmes, les jeunes, les peuples autochtones, les migrants et les réfugiés, sont les plus vulnérables.
Aborder un défi complexe
Au cœur de l’équilibre pour relever ces défis combinés, il faut garantir suffisamment d’eau pour l’agriculture, tout en conciliant les besoins concurrents en eau pour d’autres activités économiques, en particulier à mesure que l’urbanisation s’accélère. La bonne gouvernance est cruciale pour une allocation durable et équitable de l’eau, grâce à une approche intégrée et inclusive avec tous les partenaires. La gouvernance et le régime foncier de l’eau, la tarification de l’eau, les réglementations et les mesures d’incitation sont nécessaires pour susciter le changement et garantir un accès équitable aux ressources en eau propre et salubre.
Les actions que le Cameroun pourrait mener pour relever avec succès le défi de nourrir 25 millions de personnes sans nuire à l’environnement et à la santé humaine dans un contexte de hausse de la température moyenne et de variation spatiotemporelle de la pluviométrie sont entre autres :
Concevoir des politiques fondées sur des données scientifiques et factuelles qui tirent parti des données et de l’innovation, et coordonner leurs efforts entre les secteurs pour mieux planifier et gérer l’eau ;
Mettre en œuvre une gestion intégrée des ressources en eau par le biais du développement et de la gestion coordonnée de l’eau, des terres et des ressources associées afin d’optimiser le bien-être humain, sans compromettre la durabilité des écosystèmes vitaux ;
Investir dans des pratiques de gestion de l’eau innovantes et efficaces, notamment dans les technologies modernes d’irrigation et de stockage, et dans les solutions fondées sur la science pour lutter contre la pénurie d’eau et maîtriser les inondations ;
Faire des agriculteurs, personnes tributaires de la forêt, éleveurs et ceux qui travaillent dans l’économie bleue de la pêche et de l’aquaculture, des agents de gestion de l’eau ; les équiper des bons outils pour remplir cette fonction de manière durable et les soutenir à prendre le leadership dans la recherche et la mise en œuvre de solutions liées à l’eau est à la fois la chose la plus évidente et la plus intelligente à faire ;
Entrainer les entreprises à prendre des engagements concrets pour améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et réduire la pollution tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Cela profite non seulement à la nature et à la société, mais aussi aux entreprises.
Actions sur le terrain
En ce qui concerne les réalisations sur le terrain, dans la région du Nord Cameroun, plus précisément à la ferme semencière de Sanguere, la FAO a mis sur pied un système d’irrigation goutte à goutte sur une superficie de deux hectares, ayant comme ressource en eau un forage, fonctionnant grâce à l’énergie solaire, pour l’amélioration de la production de semences de maïs.
Dans la région de l’Extrême-Nord, la FAO a réalisé dans trois localités de la commune de Mora (Adekele, Sava et Aissa hardé), des systèmes d’irrigation goutte à goutte interconnectés au dispositif des bacs hors sol pour l’élevage des poissons, de telle en sorte que les eaux issues de ces bacs soient directement utilisées pour l’irrigation des parcelles, à partir d’une motopompe solaire. L’objectif d’une telle interconnexion étant d’une part de réduire les pertes en eau en assurant leur gestion rationnelle et d’autre part, d’améliorer de manière durable la fertilité du sol par l’utilisation des eaux enrichies en substances organiques issues de la pisciculture en bacs hors sol.
Par ailleurs, la FAO a conduit une étude sur la valorisation des eaux pour des usages d’activités agro-pastorales et halieutiques dans les trois régions septentrionales du Cameroun et la préparation des projets de valorisation des eaux dans ses régions issues de cette étude est en cours.
A ces projets s’ajoutent de nombreux forages solaires réalisés pour les cultures maraichères, pour l’abreuvement des animaux et pour la culture des poissons dans des bacs hors sols ou dans des étangs aménagés.