Le propos de Gaston Eloundou Essomba lors d’une récente sortie à Yaoundé.
« Comme vous le savez, depuis le début du mois de mars 2021, les populations et les opérateurs économiques font face à des désagréments récurrents liés à la perturbation du service public de l’électricité. En effet, plusieurs centres urbains et périurbains font l’objet d’interruption de l’énergie électrique allant de quelques heures à plusieurs jours. Plusieurs causes justifient ces perturbations selon que l’on soit dans le RIS, dans le RIE ou dans le RIN.
En ce qui concerne le Réseau Interconnecté Sud, les causes des interruptions sont multiples. Du fait de la forte croissance démographique, certains équipements de transport et de distribution d’électricité sont aujourd’hui surchargés. Certains transformateurs sont sollicités au-delà de leur capacité de fonctionnement. Cette situation engendre des déclenchements des lignes de distribution suivis de rationnements.
Il arrive aussi que les délestages soient opérés par les opérateurs dès lors qu’ils se rendent compte que certains transformateurs sont en train d’être sollicités au-delà de leur capacité. C’est également le cas lorsque les opérateurs procèdent au remplacement des poteaux bois pourris par des poteaux en béton ou alors lors des travaux de maintenance sur les lignes de transport.
Une autre cause de délestage est la chute des poteaux. Le parc actuel évalué au niveau national à 1 300 000 poteaux bois est à 60% vétuste. Cela s’explique en grande partie par le fait que les champs d’eucalyptus sont actuellement difficiles d’accès pour des raisons de sécurité, rendant de ce fait cette ressource rare.
L’abattage par des particuliers des arbres se trouvant hors des corridors des lignes de transport et de distribution constitue également une des causes de délestage. Dans la mesure où ces arbres dans leur chute viennent endommagés les câbles électriques alimentant les populations.
Les feux de brousse, ont eux aussi, mis hors service plusieurs lignes de distribution. C’est ainsi que des villes et villages entiers se sont vus privés d’électricité à l’instar de Nkoteng, Nanga Eboko, Batouri, Sangmélima, Fiko, Kompina et bien d’autres.
Dans le Réseau Interconnecté Nord, les causes d’interruption de la fourniture de l’énergie électrique sont liées à la mauvaise pluviométrie qui est à l’origine d’une crise hydrologique aiguë ayant entraîné une baisse importante du niveau d’eau dans le barrage de Lagdo. Ainsi, le niveau de remplissage du barrage de Lagdo a chuté de 4 milliards de m3 d’eau en octobre 2019 à 02 milliards de m3 en octobre 2020.
La principale conséquence est que la production de la centrale de Lagdo, de capacité nominale installée de 72 MW, n’excède plus 13 MW.
Face à cette situation, il fallait agir en urgence pour atténuer les conséquences de cette crise hydrologique sur les populations. C’est à ce titre que le Chef de l’Etat a instruit le démantèlement d’une partie de la centrale d’Ahala à Yaoundé pour renforcer l’offre de production dans le RIN. Ainsi, après l’augmentation des capacités de production du RIN, la durée des délestages a connu une baisse sensible. Malheureusement, cette situation s’est dégradée depuis le début du mois de mars 2021 du fait de la mise en arrêt de 15 machines à Garoua pour des raisons de maintenance. Cet arrêt prolongé est dû au retard observé dans la fourniture des pièces de rechange, les chaînes d’approvisionnement de celles-ci fonctionnant au rabais à cause de la persistance de la pandémie Covid-19. Il n’est pas inutile de rappeler qu’Eneo reçoit un milliard de F CFA par semaine suite aux Très Hautes Instructions du Chef de l’Etat pour approvisionner les centrales thermiques en combustibles.
Mesdames, Messieurs,
Avant de poursuivre mon propos, permettez-moi de souligner que la situation qui est vécue aujourd’hui par les populations ne devrait pas occulter le chemin parcouru et les efforts consentis par le Gouvernement et ses partenaires à l’effet d’améliorer la qualité du service public de l’électricité.
En effet, il vous souvient qu’il y a quelques années de cela, les populations et les opérateurs économiques étaient confrontées aux problèmes de délestages quasi quotidiens du fait d’un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande en électricité surtout en période d’étiage. Dans les années 2002,2011 et 2015, le Cameroun était structurellement déficitaire en offre de production, en raison de ce que cette production était essentiellement tributaire de la qualité de l’hydrologie.
Pour y remédier l’Etat a investi massivement dans les infrastructures de production tels que Lom Pangar, la centrale hydroélectrique de Memve’ele et la centrale à gaz de Kribi.
S’agissant du barrage réservoir de Lom Pangar, il faudrait rappeler qu’avant sa mise en service, la centrale hydroélectrique d’Edéa d’une puissance installée de 276 MW ne produisait que 130 MW pendant la saison d’étiage, tandis que la centrale hydroélectrique de Songloulou produisait 290 MW malgré une puissance installée de 384 MW. Le barrage de Lom Pangar a donc permis à la centrale d’Edéa de produire désormais 220 MW et à la centrale de Songloulou 384 MW en période d’étiage. Soit un gain supplémentaire de 174 MW pour le système électrique.
La centrale hydroélectrique de Memve’ele quant à elle injecte 90 MW/jour dans le RIS. Une fois les travaux de construction de la ligne 225 kv achevés d’ici juin 2021, cette production va passer à 211 MW. Il ne reste que 5 km de ligne de transport à construire sur une longueur totale de 270 km.
Par ailleurs, le Gouvernement dans sa quête d’augmentation de l’offre de production a noué des partenariats avec le secteur privé qui ont abouti à la mise en service depuis mai 2013 de la centrale à gaz de Kribi d’une capacité de 216 MW.
Toutes ces réalisations ont permis de disposer d’une offre conséquente en énergie électrique. L’Etat a d’ores et déjà anticipé les besoins futurs en énergie électrique à travers la construction de nouveaux ouvrages de production d’électricité à l’instar du projet Nachtigal d’une puissance installée de 420 MW dont les travaux sont en cours d’exécution pour un début de la production en mars 2023.
En d’autres termes, les problèmes subis par les populations se résument de cette manière : pour ce qui est du RIS, si la question de l’offre de production ne se pose pas, c’est davantage les difficultés liées à la vétusté, à la surcharge des équipements de transport et de distribution qui sont à l’origine des interruptions de l’énergie électrique ; quant au RIE, la capacité de la centrale thermique de Bertoua n’est pas en mesure de satisfaire la demande. A cela s’ajoute le manque d’entretien des emprises des lignes de distribution et les feux de brousse récurrents qui déciment des parties entières du réseau de distribution ; en ce qui concerne le RIN, la faible hydrologie dans le bassin de la Bénoué est la cause majeure des interruptions de l’énergie électrique.
Mesdames, Messieurs,
Les désagréments subis par les populations sont davantage liés aux difficultés dans les domaines du transport et de la distribution de l’électricité. Pour y remédier, l’Etat a mis en œuvre les actions suivantes : la création de la SONATREL en 2015 dans l’optique d’investir massivement dans la réhabilitation et la modernisation du réseau public de transport d’électricité. Celle-ci a d’ores et déjà renforcé la capacité de transformation du poste d’interconnexion de Logbaba à Douala qui est passée à la hausse de 210 MVA à 285 MVA. Tandis que la ville de Yaoundé a vu la capacité de transformation des postes sources de Kodengui et d’Ahala passée chacun de 36 MVA à 50 MVA. Il en a été de même pour le poste mile 2 à Limbé qui alimente la majorité des localités du Sud-Ouest et dont la capacité de transformation est passée de 36 à 50 MVA également.
Pour compléter ces investissements déjà réalisés, le Gouvernement et la SONATREL conduisent en ce moment la mise en œuvre d’un important portefeuille de projets dont l’enveloppe est d’environ 500 milliards, parmi lesquels : le Projet d’interconnexion des réseaux interconnectés Sud et Est, et du renforcement du réseau de transport des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest, dont les travaux s’achèvent à la fin d’année 2021. Il permettra, d’une part, d’interconnecter la Région de l’Est au RIS qui dispose d’une offre de production beaucoup plus importante. D’autre part, ce projet dotera la Région de l’Ouest d’une ligne 225 kV et d’un poste d’interconnexion. Les populations des Régions de l’Ouest et du Nord-Ouest bénéficieront d’un meilleur plan de tension.
-le Projet de renforcement et de stabilisation du réseau électrique de la ville de Yaoundé, dont les travaux sont en cours d’exécution vise à renforcer le niveau de sécurité de l’alimentation de la ville de Yaoundé. En d’autres termes, ce projet permettra aux ménages d’être alimentés par un poste source voisin en cas d’indisponibilité du poste source principal qui les alimentent. C’est ainsi qu’une boucle 90 Kv sera construite Oyomabang-Ngousso-Kodengui-Nkolanga-Ahala-Oyomabang ; le Projet de Remise à Niveau des Réseaux de Transport d’électricité et de Réforme du Secteur, qui consiste à la construction de plusieurs infrastructures transport sur l’ensemble du territoire. On peut citer la construction d’une nouvelle ligne 400 kv entre Edéa et Yaoundé, la construction d’un poste d’interconnexion à Nyom 2 et des lignes associées, la construction de nouveaux postes sources à Yaoundé et à Douala, la construction d’une ligne 225 kv entre Garoua et Maroua. Le démarrage de ces projets sera effectif avant la fin de l’année 2021 ;le Projet de renforcement et de stabilisation du réseau électrique de la ville de Douala. Ce projet consiste en la construction d’une ligne de transport 225kV double terne Mangombe-Logbaba-Logbessou-Bekoko et des lignes 90 kV Logbessou-Makepe et des postes de transformation de Logbessou, Sodiko ; l’extension des postes de Ngodi Bakoko, Deido, Koumassi ainsi que la refonte du poste de Makepe.
A travers cette redondance, la défaillance d’un poste ne sera pas perçue par les ménages comme c’est le cas actuellement.
-le projet d’interconnexion du RIS et RIN. Cet un important projet d’un linéaire d’environ 500 km qui consistera à faire bénéficier aux populations des Régions septentrionales de l’énergie produite par la centrale hydroélectrique de Nachtigal par la construction d’une ligne 225 kV entre Nachtigal et Ngaoundéré avec des postes de transport à Ntui, Yoko et Tibati. Le calendrier de ce projet est aligné avec celui de la mise en service de Nachtigal ; le projet de construction d’une ligne 400 kV entre Nachtigal et Bafoussam dont le but est de sécuriser l’alimentation des Régions de l’Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest. Le bailleur de fonds de ce projet a saisi le Gouvernement au mois de mars 2021 pour marquer son accord pour le financement dudit projet. Le démarrage de ce projet est prévu pour 2022.
En marge de ces actions dans la production et le transport de l’électricité, l’Etat vient de réaliser l’électrification de 17.363 ménages à travers la construction de mini centrales solaires photovoltaïques. D’autres infrastructures tels les hôpitaux, les morgues, les écoles et certains services administratifs éloignés du réseau sont également alimentés par ces centrales.
Une autre phase de ce projet visant à la construction de 200 nouvelles centrales en démarrera bientôt ».
Source : Minee