Plus qu’une célébration culturelle, ce grand moment qu’a offert l’artiste engagé camerounais s’apparentait à s’y méprendre à un meeting politique qui a connu une forte adhésion.
Surnommé « the Voice of Freedom », le concert de l’artiste camerounais avait pour prétexte de provoquer si possible la libération de certains prisonniers politiques ainsi que l’arrêt des combats entre l’armée régulière du Cameroun et les séparatistes dans les régions anglophones.
Parmi ceux qui ont fait le déplacement pour le Zénith de Paris, on a pu apercevoir la principale figure du Mrc, Maurice Kamto, et certains cadres de ce parti politique, les membres de la Bas. Du point de vue artistique, certains grands noms de la chanson ont marqué leur présence à l’instar de Talla André Marie, Kareyce Fotso, l’artiste engagé Richard Bona. La grosse curiosité lors de ce rendez-vous culturel était la juxtaposition du drapeau du Cameroun et celui de l’Etat imaginaire d’Ambazonie. Comment comprendre une telle adhésion qui a attiré du beau monde. Dans une salle du zénith de Paris, où la capacité d’accueil est de 6084 places, ce méga spectacle a attiré près de 8000 personnes. L’auteur des tubes à succès tels « lettre au président », « ce pays tue les jeunes », « hald-up ».
Ce concert qui a fait beaucoup de bruits à travers le monde et n’a laissé personne indifférent. Chacun y va de sa position idéologique pour porter ce jugement. Si pour Patrick Nganang « le spectacle a été un succès phénoménal ». Pour un cadre du Rdpc en occurrence Hervé Emmanuel Nkom « je ne voudrai pas parler de Valséro, car il n’y a pas eu un concert à Paris, mais une réunion politique avec toute la clique des rebelles du système actuel ». Suite à cet état de chose, « il ne faut pas encourager ce genre d’entreprise au risque d’aimer quelqu’un en raison de son opinion politique », va-t-il renchérir.
Cet évènement culturel s’est tenu en terre étrangère le même jour ou l’armée camerounaise a perdu une vingtaine de ses vaillants soldats tombés sur le champ de guerre à Ndop, au Nord-ouest. Dommage que les Stars de cette soirée-là n’ont pas pris une minute de silence en l’honneur de ces éléments du Bir. Selon la chaine de télévision privée Equinoxe « Valséro et tout son staff ont fait entrer plus de 400.000 000Fcfa dans leurs poches, dont près d’un demi-milliard, ceci rien qu’en terme de billets vendus ».
La question lancinante qui se pose dans les carrefours et les coins chauds de la capitale est de savoir : où ont-ils trouvé les finances? Pour louer l’une des plus grandes salles de spectacle de France si ce n’est du monde. Question à un sous. Le camerounais lambda dit « vive la culture camerounaise », selon lui. Les cadres du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais quant à eux disent « que c’est une provocation à l’égard des institutions de la République ». Pour la société civile camerounaise « la démocratie est en marche au Cameroun ».
Tout compte fait, le concert de Gaston Abé qui a pour nom d’artiste Valséro permet de se faire une idée sur la situation sociopolitique assez tendue qui a cours au Cameroun et qui est faite de clivages à tous les niveaux. Les camerounais vivent de suspicion adossée sur un repli identitaire exacerbé qui peut dégénérer si rien n’est fait. Vivement que cet état de malaise prenne pour une réelle éclosion du Cameroun.
Eric FOE