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Cameroun : un patron d’entreprise boude la revalorisation du Smig par le gouvernement

Maurice Vivien Onana, jeune opérateur économique établi à Yaoundé, siège des institutions républicaines, reproche à l’Etat de ne pas véritablement accompagner le secteur informel dans la création des richesses et des emplois en marge du décret du chef gouvernement datant du 21 mars 2023.

Le Premier Ministre, Chef du gouvernement de la république du Cameroun, Joseph Dion Ngute, décrète : article 1er : le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti, en abrégé « Smig » est, à compter de la date de signature (21 mars 2023 : Ndlr) du présent décret, fixé ainsi qu’il suit : 41.875 Fcfa pour les agents de l’Etat relevant du Code du travail ; 45.000 Fcfa pour le secteur agricole et assimilé ; et 60.000 Fcfa pour les autres secteurs d’activités par mois sur toute l’étendue du territoire national. Selon Maurice Vivien Onana, jeune opérateur économique établi à Yaoundé, capitale du Cameroun, il y a matière à reproche à l’Etat, qui n’accompagne pas véritablement le secteur informel dans la création des richesses et des emplois.

« Nous constatons que l’Etat du Cameroun prend des décisions sans toutefois tenir compte d’un certain nombre de facteurs majeurs. Tout porte à penser qu’il traite avec des syndicats des employés sans véritablement se soucier des charges et autres responsabilités des patrons d’entreprises, créateurs de richesses et d’emplois que nous sommes. Le Chef du gouvernement décrète que nous devons désormais payer 60.000 Fcfa par mois à chaque personnel de nos entreprises du secteur informel. C’est une très bonne chose, parce que dans un pays où la vie devient de plus en plus chère, la somme de 60.000 Fcfa est dérisoire comme salaire mensuel d’un individu. Si moi-même je ne m’en sors pas, j’imagine le calvaire de mes employés », regrette ce jeune patron d’entreprise.

Réserves

« Sauf que ce décret n’est pas accompagné de mesures de nature à nous rassurer et à améliorer notre condition, nous autres qui nous battons au quotidien, à créer de petits emplois aux jeunes camerounais, tel que l’encourage le Chef de l’Etat, Paul Biya, qui seul, ne peut pas résorber le taux de chômage ambiant à travers la fonction publique. Pour ne prendre que le cas de sociétés de gardiennage où j’emploie des jeunes, nous signons des contrats avec des clients qui nous proposent généralement des montants peu satisfaisants. Nous n’avons d’ailleurs pas d’autres choix de les accepter, au risque de les perdre. Comment comprendre que pour une société de gardiennage où un client paye par exemple 100.000 Fcfa mensuel par vigile, que nous payions ce vigile à 60.000 Fcfa lorsqu’on sait qu’il y a des charges auxquelles il faut pourvoir ? En cas d’absence d’un vigile titulaire par exemple, il faut un autre pour le seconder. Celui-là doit également être rémunéré. Au repos de ce vigile titulaire, il faut son remplaçant qu’il faut également payer ; il y a le contrôleur qui veille sur la bonne exécution du contrat signé, à travers des patrouilles. Ce contrôleur roule sur une moto, qui consomme du carburant et qui a besoin d’entretien », explique Maurice Vivien Onana.

« Au niveau de l’administration, il y a des rapports et factures à acheminer qui demandent du papier ; l’imprimante qui demande l’encre ; il y a des factures d’électricité à payer ; il faut entretenir les ordinateurs et autres appareils de fonctionnement. Les employés au bureau vivent finalement de quoi lorsqu’on a versé 60.000 Fcfa à un vigile par mois ? Nous convenons tous que les 40.000 Fcfa restants ne peuvent pas couvrir les charges que je viens de relever. Je fais fi des impôts et autres taxes asphyxiants sur les revenus qu’il faut aussi payer. Il faut par ailleurs déclarer, affilier et verser les cotisations sociales de ce personnel à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. Résultat de course, nous tournons presqu’à perte », explique davantage le jeune chef d’entreprise.

Porte de sortie

« Au titre des propositions, à la place du gouvernement du Cameroun, j’aurais augmenté les salaires des fonctionnaires de manière considérable. Car, 5,2 % calculé sur le salaire de base, ne représente pas grand-chose, au regard du train de vie actuel de plus en plus élevé. Il faut donc accompagner les chefs d’entreprises dans leurs missions régaliennes et citoyennes de création de riches et d’emplois, à travers certaines mesures d’accompagnement visant l’allègement des charges à supporter dans ce secteur ô combien difficile. Je dirais, sous forme d’image, que le gouvernement a mal attrapé le serpent, qui pourrait se montrer dangereux, un état de choses peut pousser certains opérateurs économiques à devenir malhonnêtes plus qu’ils ne le sont aujourd’hui. Et c’est l’Etat qui perd. Tous comptes faits.

Bertrand TJANI

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