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Cameroun : quand le peuple mpo’o ménage sa monture pour le voyage aux sources

Les membres du bureau exécutif de la coordination régionale Centre-Sud-Est de l’Assemblée Coutumière et Traditionnelle des Elog-Mpo’o, peuple situé essentiellement dans le département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral, étaient chez le Secrétaire exécutif, Raymond Epassi Ndoumbè, le 08 juin 2024 à Yaoundé. Objectifs, présenter leurs propositions pour la bonne marche du Mpo’o dans ces ressorts géographiques.

Sans sa culture, sa tradition, l’homme n’est vraisemblablement qu’un fantôme. Les Elog-Mpo’o, peuple situé essentiellement dans le département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral, n’entendent pas devenir des fantômes. C’est la raison pour laquelle ils ne ménagent aucun effort, pour reconquérir leur unité et réaffirmer leur identité en peine.

Preuve a été donnée par les membres du bureau exécutif de la coordination régionale Centre-Sud-Est de l’Assemblée Coutumière et Traditionnelle des Elog-Mpo’o (Actem), qui ont tenu, le 08 juin 2024 à Yaoundé, une séance de travail enrichissante à la résidence du Secrétaire exécutif, Raymond Epassi Ndoumbè.

Il était question de présenter et d’échanger sur la mouture des propositions visant la bonne marche du Mpo’o dans ces ressorts géographiques. Il en ressort globalement qu’il est temps pour la communauté mpo’o de chercher les voies et moyens devant lui permettre de résoudre la problématique du bradage de son patrimoine foncier entretenu par la complicité de certains chefs de 3e degré ; mais davantage de s’investir pour le voyage aux sources de ses origines à la grotte mythique de Ngock-Lituba, située dans la Commune de Nyanon.

Ont pris part à cette rencontre, outre le Président de l’ACTEM, Sa Njockè Essawè, Chef supérieur du canton Bakoko du Moungo et son Adjoint Sa Majesté Delangué Songuè, Chef supérieur du canton Yakalak Dizanguè; les Chefs supérieurs Sa Bingan, Chef supérieur Badjob; sa Majesté Lissoughe Meka, Chef supérieur du canton Bisso’o et Sa Bayeme Djembé, Chef supérieur du canton Yassuku; et les Mpèpèè (Gardiens de la tradition et dépositaires du pouvoir ancestral et spirituel : Ndlr) venus du Littoral.

Dans son exposé, Raymond Epassi Ndoumbè a décliné le programme d’actions à mener : « Nous devons remobiliser les fils et filles elog-mpo’o, et surtout résoudre les problèmes fonciers. Nous allons tout faire pour nous approprier nos sites.

La tâche est ardue, mais nous allons collecter des documents, voir où se trouvent certains dossiers. Nous devons également avoir notre siège. Nous savons déjà où nous devons le disposer. Nous allons engager des démarches administratives pour ce faire. Nous ferons ce que nous pourrons et les autres pourront prendre le relai ».

Aaron Emmanuel Elanguè Moutngui est le Président de la coordination mpo’o du Centre, du Sud et de l’Est. Le digne fils du canton bisso’o est revenu sur les observations faites sur un certain nombre de points du document.

Nous avons échangé sur notre tradition et culture, la maison de la culture à construire, le fonctionnement du mpo’o et son financement. Nous avons également planché sur d’autres aspects tels que la reprise des pèlerinages à Ngock-Lituba. Nous avons proposé deux ans. D’aucuns ont dit qu’il fallait le faire chaque année. Nous avons surtout parlé de la primo initiation que nous appelons les ‘’mitots’’, signes de reconnaissance des fils mpo’o… Nous avons en définitive demandé au bureau exécutif d’être un véritable relai, pour la bonne marche de la coordination. Nous souhaitons que tout ce qui vient du haut nous parvienne, pour qu’ensemble, nous puissions atteindre les objectifs.

Selon le Mpèpèè Longuè Dipito Bernard, du clan Yakalak-Dizanguè, il faut redonner vie à la culture mpo’o : « Si nous sommes ici, c’est pour que le mpo’o pousse de nouvelles racines, pour que nos enfants sachent qui ils sont, qu’ils retrouvent leur identité. Nous avons des secrets que nous voulons léguer à nos enfants, nous les Mpèpèè.

Nous venons dire ici que Ngog-Lipondo est le sommet et non la queue. Quand ça ne va pas, nous allons sur cette grotte mythique pour communier avec nos ancêtres. Nous sommes initiés et garants du pouvoir traditionnel et mystique. Dieu nous a donné cette onction. Nous sommes fiers de ce qui s’est passé aujourd’hui et il faut mettre ces recommandations en pratique ».

Intervenant en sa qualité de Mpèpèè, Mbii Nyembè s’est voulu interpellateur : « Il faut de temps en temps repartir à Ngock-Lituba, pour consulter ceux qui sont partis, pour qu’ils nous disent ce qui est et ce qui arrivera, et même ce qui a été. Dans nos rites et traditions, nous avons les moyens de retourner dans les mémoires acachiques. Le Mfon, par exemple, était un rite qui permettait aux initiés de remonter les mémoires acachiques, de rencontrer ceux qui ont existé, avant de restituer avec exactitude leurs messages aux vivants », a-t-il exhorté, avant de renchérir : « Il est question, aujourd’hui, et c’est un appel du Mpèpèè Longuè, de revenir à nos sources, de puiser à ces sources.

Le Mpèpèè doit maîtriser son peuple, car il hérite de toutes les connaissances spirituelles, physiques, matérielles et immatérielles de ce peuple-là ; il est comme le reliquaire entre Dieu et les hommes. C’est le Mpèpèè et personne d’autre. Donc, si on s’abreuve à la source de nos Mpèpèè, si on va les voir, s’ils acceptent de s’ouvrir, parce que c’est un défi aujourd’hui de donner aux gens ce qu’eux-mêmes ont reçu, beaucoup de choses pourraient changer dans le bon sens. Lorsqu’on rentre dans l’histoire de la création du monde, on parle de l’eau, source primordiale. La force centrifuge vient de l’eau pour monter au niveau de la terre. Donc, il est très important de s’abreuver à cette source. Lorsqu’on a soif, on cherche à boire de l’eau. Les Mpèpèè détiennent donc cette eau-là. Tous les fils et filles de la communauté mpo’o doivent travailler main dans la main, pour rentrer à cette source-là ».

Quant à Mben Mben Songnè, Bakoko de l’Océan de grande famille Ndokori, et responsable de la dynamique des jeunes bakoko de Yaoundé, les ainés doivent apporter davantage leur soutien aux jeunes, pour qu’ils puissent assurer la relève le moment venu.

Bertrand TJANI

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