Le personnel du département ministériel s’est approprié les enjeux et défis qui interpellent l’administration du travail, située au confluent des problématiques de développement socio-économique et des évolutions numériques, à la faveur de la conférence annuelle, déroulée du 03 au 04 janvier 2024 à Yaoundé, sous la présidence du Ministre Grégoire Owona.
Au Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (Mintss), la conférence annuelle des services centraux et extérieurs est un moment privilégié d’appropriation de la vision et des objectifs de la hiérarchie, une occasion de partage de connaissances et d’échanges d’expériences, un rendez-vous de formulation de recommandations opérationnelles pour une mise en œuvre efficiente des axes stratégiques portés vers la promotion d’une sécurité sociale de qualité pour tous et du travail décent dans tous les secteurs d’activités.
Vu sous cet angle, l’administration du travail a accompli, en 2023, une performance significative en matière de promotion de la sécurité sociale pour tous. En liaison avec la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps), elle a notamment œuvré au renforcement du système du régime privé de sécurité sociale et du système de régime public de sécurité sociale en vue de la mise en place de la Caisse Nationale des Personnels de l’Etat (Cnpe) pour étendre la sécurité sociale au champ personnel non couvert.
2023 a aussi été celle de la mise en place d’une plateforme de gestion et de suivi des dossiers de contentieux enregistrés au niveau du Greffe. Au stade actuel, cette application permet d’enregistrer et de numériser les requêtes introduites, de donner la position exacte des différents dossiers et de signaler de manière instantanée, les éventuelles difficultés des usagers reçues au niveau du Greffe, concernant le suivi de leurs dossiers.
La poursuite de l’amélioration de la qualité des services rendus par la Cnps, grâce à la dématérialisation des procédures a permis l’amélioration des services en ligne, notamment en ce qui concerne la télé immatriculation, le télépaiement des cotisations sociales et la création des comptes en ligne afin de faciliter l’immatriculation et le paiement des cotisations sociales.
S’agissant encore de sécurité sociale, le lancement officiel de la campagne nationale de plaidoyer, de sensibilisation et de communication en faveur de la main d’œuvre domestique organisée par le Bureau International du Travail (Bit), a été l’occasion de renforcer l’impact des actions menées en faveur de l’amélioration des conditions de travail et de rémunération de la main d’œuvre domestique.
Protection du travail et promotion du travail décent
Les actions menées en matière de renforcement de la protection du travail ont permis de contribuer à la productivité des entreprises à travers la promotion des droits et obligations des acteurs du monde du travail. Concrètement, l’on a procédé au renforcement des capacités d’intervention de l’Inspection du travail en vue d’une implémentation accrue des principes de dialogue social, de santé, de sécurité et de bien-être au travail, ainsi que la mise en œuvre des normes, des principes et droits fondamentaux du travail.
Dans le cadre précisément de la promotion du travail décent, le Premier Ministre a fixé, par décret signé le 21 mars 2023 le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (Smig), après concertations entre le gouvernement et les Organisations Syndicales d’Employeurs et de Travailleurs (les agents de l’Etat relevant du Code du travail qui s’élève à 41 875 Fcfa ; les travailleurs du secteur agricole à 45 000 Fcfa ; et les travailleurs des autres secteurs d’activités à 60 000 Fcfa).
Cette mesure salutaire a fortement contribué à préserver le pouvoir d’achat des travailleurs et à apaiser le climat social. Au lendemain de la publication de cet important texte, le sous-secteur travail et sécurité sociale, en conformité avec ses missions régaliennes, s’est activé à veiller au respect des dispositions de ce décret par les acteurs du monde du travail de tous les secteurs d’activités concernés par le Smig. Les activités y afférentes vont s’intensifier notamment au niveau de l’Inspection du travail.
Dialogue social structuré
Le dialogue social structuré fait également partie des bons points de cette année 2023 qui a enregistré à titre illustratif la tenue de quatre sessions du Comité de Concertation et de Suivi du Dialogue Social, présidées par le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale en présence des partenaires sociaux autour des thématiques et problématiques sociales proposées par les partenaires sociaux et le gouvernement.
La place et le rôle du dialogue social ont davantage été appréciés dans le cadre de la gestion de la crise des enseignants. En effet, les concertations menées avec les syndicats du secteur de l’éducation, et l’oreille attentive accordée aux groupes se revendiquant de cette corporation, ont permis d’évoluer paisiblement vers la mise en œuvre des mesures prescrites par le Chef de l’Etat d’une part et d’autre part, de garantir le déroulement effectif des enseignements. A l’occasion, il a été rappelé que les dispositions légales en vigueur au pays prévoient un délai maximum de 30 jours pour la création d’un syndicat.
Activités majeures en 2023
Dans le sillage des activités d’envergure en 2023, figure en bonne place l’organisation des élections des Délégués du personnel sur toute l’étendue du territoire national, le 1er novembre 2023, dont les résultats seront publiés incessamment ; la poursuite de l’actualisation du fichier syndical à travers l’ajout de 12 nouveaux syndicats, ce qui porte le nombre total à 1124 ; ainsi que la poursuite des négociations des Conventions Collectives Nationales, rassurent quant à la mise en place de toutes les structures dédiées à garantir un environnement professionnel propice pour les personnels.
La prévention des conflits sociaux au sein des entreprises et le règlement amiable des différends de travail demeurent effectivement une des préoccupations majeures du ministère. Les données consolidées pour l’année 2023 dans ce sens oscillent autour de 70 préavis de grève et mouvements d’humeur suivis et maitrisés, tandis que les visites d’inspections, soit plus de 4759 visites, ont donné lieu à l’établissement de 607 mises en demeure. Par ailleurs, le règlement des différends de travail a donné lieu à l’établissement de 6514 procès-verbaux de conciliation.
Un accent identique a été mis sur la promotion des principes de santé, de sécurité et de bien-être au travail. Au final, au terme des phases de vulgarisation, l’évaluation de 250 Services Médicaux du Travail (Smt) dans les 10 régions du territoire national a permis d’enregistrer une augmentation des demandes d’agréments déposées par les Entreprises au Mintss, l’augmentation du nombre de demandes d’agréments à l’exercice de la médecine du travail ainsi que l’actualisation des Conventions de visite et de soins dans plusieurs entreprises. A date, 264 Smt ont été évalués.
Concernant la promotion des normes, des principes et droits fondamentaux du travail, nous notons la validation technique du nouveau document Pays Pour le Travail Décent (Pptd) par les parties prenantes et la définition d’un plan d’action pour la période 2023-2026.
Des actions significatives ont également été menées en vue de l’amélioration du cadre juridique relatif à la liste des travaux dangereux pour les enfants, l’élaboration du document de politique nationale de migration de la main d’œuvre fondé sur les droits et sensible au genre, et la vulgarisation auprès des Services centraux du Mintss et des personnels judiciaires de la Région du Centre, des Normes Internationales du Travail adoptées par l’Organisation Internationale du Travail (Oit) avec une emphase sur celles ratifiées par le Cameroun.
Le ministère a par ailleurs joué sa partition dans la mise en œuvre de la diplomatie de présence prônée par le Chef de l’Etat, à travers la participation aux rencontres statutaires telles que les assises du Conseil d’Administration du Bureau International du Travail (Bit), au Conseil des Ministres de la Cipres, aux travaux de la Conférence Internationale du Travail; aux réunions techniques du Bit et le Conseil d’administration du Centre Régional Africain d’Administration du Travail (Cradat).
En marge de toutes ces activités d’envergure, le ministère a organisé la 137ème édition de la Fête Internationale du Travail sur toute l’étendue du territoire national autour du thème : « Résilience et Travail décent : agir ensemble au sein du monde du travail pour améliorer les conditions de vie et l’inclusion sociale ». Cette célébration a été l’occasion pour les acteurs du monde du travail d’échanger autour des actions à mener en faveur de la promotion du travail décent d’une part, et de valoriser le dialogue social comme principale voie de règlement des différends en milieu professionnel, d’autre part.
Vision stratégique
Fort de ces acquis, et au regard du thème retenu pour cette rencontre, le Mintss Grégoire Owona a invité tous les acteurs du sous-secteur travail et sécurité sociale à une meilleure maitrise de notre vision stratégique et à un partage en toute responsabilité des informations techniques et budgétaires utiles, pour plus de résultats.
En effet, a relevé le ministre, le contexte actuel, au regard des enjeux socio-politiques et économiques actuels, exige que tous les maillons de la chaine de performance agissent et assument leurs actes en toutes connaissances. Il s’agit alors d’œuvrer de manière pédagogique, objective et transparente à la promotion d’une meilleure gouvernance.
« C’est enfin une possibilité avantageuse pour nous de mener des actions conformes dans la marche du service public, en nous fondant sur l’éthique professionnelle dans une République exemplaire voulue par le Chef de l’Etat. Nous devons ainsi mettre un terme aux pratiques anormales et mieux nous impliquer dans un esprit d’équipe, nous remobiliser dans la discipline collective et agir avec pertinence pour l’atteinte de nos résultats », a expliqué le Mintss.
Bertrand TJANI