C’est à la faveur d’un entretien que le Ministre des Travaux Publics a accordé à des représentants de médias, le 10 juillet 2025 à Yaoundé.
Le Ministre des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, s’est entretenu avec des représentants de médias, le 10 juillet 2025 à Yaoundé. Cet échange s’inscrit dans une volonté de transparence et de dialogue autour des préoccupations récurrentes concernant les infrastructures routières nationales.
L’objectif de cet exercice auquel s’est prêté l’Ingénieur de l’État était d’apporter des réponses précises et des éclairages sur des sujets régulièrement débattus, notamment l’état du réseau routier ; les coûts de construction des infrastructures ; les modes de financement des projets ; les stratégies d’entretien routier ; et la mise en œuvre de la décentralisation au sein du département ministériel.

«Le Ministère des Travaux Publics est chargé de l’élaboration de la politique de construction et de maintenance des infrastructures routières. Aujourd’hui, le Cameroun porte un linéaire de routes de 121.873 Km, organisé en autoroutes : 109 Km ; routes nationales : 9.385 Km ; routes régionales : 13.834 Km ; et routes communales : 98.583 Km.
Le Ministère des Travaux Publics est compétent s’agissant des routes interurbaines, c’est-à-dire des routes qui relient des localités aux autres. Conformément à un décret présidentiel de 2017, la maitrise d’ouvrage est organisée telle que le Ministre des Travaux Publics est responsable des routes nationales et les autoroutes, tandis que la région s’occupe des routes régionales et la commune, des routes communales.
Au 31 décembre 2024, le Cameroun a enregistré 10.575 Km de routes bitumées. Notre stratégie nationale, comptant pour le segment 2020-2030, donne au Ministère des Travaux Publics d’avoir à bitumer 6000 Km de routes. Rendu à l’étape intermédiaire, nous avons réalisé 69 %, pour environ 24 % de satisfaction. C’est dire que nous avons un retard, qui peut s’expliquer tout de même.
Toujours, ce document de planification demande au Ministère des Travaux Publics de réhabiliter 3000 Km de routes bitumées. Nous en avons fait 55,5 %. Retard aussi imputable essentiellement à l’absence d’une source de financement pérenne. Le Fonds Routier est de moins en moins liquide. Cela peut se comprendre avec les tensions de trésorerie. Quand nous sollicitions les bailleurs de fonds, les bailleurs multilatéraux notamment, la mise en place des financements proprement dits prend du temps.
Il faut aussi noter les conséquences des crises sécuritaires que nous enregistrons dans notre pays. N’eût-été le terrorisme, on ne parlerait plus de la route Mora-Dabanga-Kousseri ; celle de Babadjou-Bamenda, même si les travaux sont en train d’avancer.
A cela, il faut ajouter les conséquences des changements climatiques, qui ont un effet ravageur sur les routes. Et bien évidemment, le non-respect des règles d’exploitation de la route.
Mais, à la vérité, la qualité du réseau est davantage influencée par le comportement des routes en terre, qui connaissent une discontinuité du trafic, parce qu’il y a des bourbiers qui se sont constitués ou même des routes bitumées, qui connaissent un rythme de dégradation assez avancée et conséquemment une vitesse de circulation assez réduite.
C’est ce point faible de la gestion de la route qui, à la vérité, renvoie à la perception qui veut que le réseau routier ne soit pas de bonne qualité… Tout cela se résumant à la nécessité d’avoir à mobiliser un financement approprié, adapté et à temps. Ce sont ces limites qu’il est bon de mettre en relief, sachant qu’une route a une durée de vie.
Je prends l’exemple de de la route Ngaoundéré-Garoua, qui a été construite, il y a une vingtaine d’années. Elle a atteint le seuil d’entretien. Il faut la reconstruire. Je fais une nuance entre reconstruction et réhabilitation. Les options techniques d’il y a une vingtaine d’années, notamment le dimensionnement des ouvrages hydrauliques, ne peuvent plus être les mêmes. Il pleut beaucoup aujourd’hui et conséquemment, il faut dimensionner les ouvrages hydrauliques, qui vont capter les quantités d’eaux et cela a un coût. Donc, la reconstruction a un coût, qui doit être mobilisé. Cela aussi prend du temps. Pour le cas de Ngaoundéré-Garoua, le processus est suffisamment avancé, pour que nous lancions les travaux d’ici la fin de l’année en cours.
J’ai parlé davantage des routes en terre. La réorganisation, par décret présidentiel de la maitrise d’ouvrage, veut que sur les routes communales, ce soit les maires ; sur les routes régionales, les présidents de régions ; et sur les routes nationales, le Ministère des Travaux Publics. Mais, que reçoivent ces maitres d’ouvrages ? Je veux prendre l’exemple des communes. Qu’est-ce qu’elles ont reçu pour 2025 ? C’est environ 27 milliards Fcfa, pour réhabiliter plus de 95.000 Km de routes en terre. Après analyse, c’est moins de 700.000 Fcfa le kilomètre de route à entretenir. Les présidents de régions ont reçu environ 14 milliards Fcfa, pour plus de 9.000 Km de routes à entretenir. On notera que c’est au plus 01 million Fcfa, pour le kilomètre de route.
Cela signifie qu’il faut réussir à faire plus avec peu ; qu’il faut mieux prioriser les projets. Surtout, il faut emmener les usagers de la route à jouer leur partition dans le respect des règles, qui gouvernent l’exploitation de la route ».
Bertrand TJANI