Simplice TCHINDA TAZO a accordé, ce 19 mars 2024 à Yaoundé, une interview au Poste national de la CRTV à l’occasion de la 64e édition de la Journée Météorologique Mondiale, célébrée cette année sous le thème : « En première ligne de l’action climatique ».
Monsieur le Directeur, la fiabilité météorologique n’est pas bonne. Pourquoi?
Oh ! On ne peut pas dire que la fiabilité météo n’est pas bonne. Elle s’est beaucoup améliorée avec le temps. Le développement des nouvelles technologies a favorisé les prévisions beaucoup plus précises et il y a un train de mesures qui a été mis en œuvre par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) pour augmenter la fiabilité desdites prévisions et la communication de celles-ci veut aujourd’hui que, lorsqu’on les diffuse qu’il y ait le degré de fiabilité. C’est pour ça que vous avez aujourd’hui des prévisions probabilistes. Entre équiprobabilité et probabilité certaine, permettez-nous pour la circonstance d’être climato sceptique.
L’ensemble de nos tâches est régi par les conditions météorologiques mais voilà, il y a toujours des erreurs de prévisions, des incertitudes sur les risques d’orages, de cumul de pluies par ci et leur localisation, est-ce que ce n’est qu’un jeu probabiliste ?
Ce n’est pas un jeu mais des informations qui aident à la prise de décisions. Prenons un exemple dans le domaine de la gestion des risques des catastrophes et que, 7 fois sur 10, on vous annonce qu’il y aura un évènement extrême et vous avez eu effectivement cet évènement, cela veut dire que les autres trois fois, on vous a annoncé et vous n’avez pas eu. Et vous allez prendre de bonnes décisions ; posant de bonnes questions.
En l’absence d’informations, qu’est-ce que vous faites ?
C’est-à-dire que vous ne savez même pas que ce qu’il va se passer. Il est difficile de prendre les décisions lorsque vous n’avez pas d’informations. C’est un peu comme ça qu’il faut voir la fiabilité.
Ce n’est pas un jeu. Il s’agit d’informations qui contribuent à la sécurité des personnes et des biens.
Et même le calendrier agricole pour un pays axé essentiellement sur le secteur primaire, les rendements agricoles peuvent être améliorés ou impactés par rapport à une information qui est approximative ?
C’est vous qui trouvez que l’information est approximative. Il s’agit d’une probabilité.
Les faux démarrages des saisons et des fortes pluies accompagnées de vents violents sont observés depuis quelques temps. Il n’est pas rare que cela impacte les ménages en terme de délestages et autres.
Nous sommes donc là dans le contexte des changements climatiques et une des mesures que nos populations doivent prendre est de suivre régulièrement les prévisions. Cela se fait dans d’autres continents depuis des siècles.
C’est pour ça que le thème de la Journée Météorologique Mondiale de cette année, c’est « En première ligne de l’action climatique ». Il y a des sources qu’il faut questionner mais il faut que les informations parviennent à tous les utilisateurs.
Donc, la souveraineté de notre dispositif d’alertes de météorologie n’est pas menacée au Cameroun ?
Non, elle n’est pas menacée! Au Cameroun, on prend la mesure pour intégrer les autres acteurs au moyen de la collaboration et des accords de partenariat.
Justement, est-ce qu’ils vous consultent régulièrement pour être au fait des différents bulletins météorologiques ? Je veux parler des transports, du tourisme en l’occurrence ?
Dans le transport aérien, c’est quasi obligatoire. On n’imagine même pas un aéroport sans un système météo. Dans le transport maritime, depuis quelques années, nos ports reçoivent les prévisions marines tous les jours. Il y a également un bulletin côtier que nous leur envoyons depuis 2023. Dans le domaine agricole, il y a plusieurs accords-cadres qui ont été signés par le Ministre des Transports avec les agroindustriels à l’instar de la SODEPA, HEVECAM.
Et pour les auditeurs qui nous écoutent et qui sont également consommateurs des informations météorologiques, est-ce que vous travaillez à les dépouiller de leur jargon scientifique qui en limite parfois la compréhension ?
Tout à fait. Puisque nous sommes dans le cadre de la célébration de la Journée Météorologique Mondiale, il faut savoir que l’Organisation Météorologique Mondiale a mis en place des concepts qui permettent de faciliter la compréhension météorologique. Donc, c’est pour ça qu’au-delà des canaux classiques de diffusion de cette information, nous diffusons ces informations par d’autres canaux tels que les radios communautaires, où l’information est donnée en langue locale, les séminaires itinérants où sont faites les descentes de terrain pour échanger avec les populations.
Et pour que l’information météorologique soit aussi importante que l’air que nous respirons, « le rôle de la direction de la Météorologie nationale dans l’action climatique et mécanismes de diffusion des informations produites » est le thème de cette conférence qui aura lieu à l’École Nationale Polytechnique de Yaoundé ?
Nous aurons une conférence débat pour le cas du Cameroun qui aura lieu à l’École Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé, le vendredi 22 mars 2024 à 11 heures. Donc, nous invitons tous ceux qui sont disponibles à venir échanger avec nous pour mieux comprendre la météo. Nous sommes dans un contexte où le changement climatique n’épargne personne et il est important de mettre un accent sur l’utilisation de l’information météorologique. Nous vivons des phénomènes météorologiques extrêmes ces jours.
Et sur les 10 prochains jours, sans vos appareils, est-ce que vous pouvez nous rassurer qu’on n’aura pas de risques et de déluge ?
On n’est pas déjà à l’étape du déluge….On a la saison de pluies qui s’installe progressivement. Et ce que nous disons aux populations, en début de cette saison, il y aura des évènements extrêmes notamment, des orages, des vents violents. Nous avons un bulletin quotidien qui est diffusé sur vos antennes et qui renseignent sur ce qui va arriver dans les 24 prochaines heures. L’information est à votre portée. Il ne reste qu’à la consommer.
Source : Les Matinées de la CRTV, Invité Actu, Poste national de la CRTV