Le communiqué du Directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, relatif aux obligations sociales sur la main d’œuvre domestique au Cameroun. Un véritable coup de pied dans la fourmilière.
Dans un communiqué signé, le Directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (Cnps) « rappelle au public que toute personne employant une main d’œuvre domestique à domicile ou en tout lieu privé est tenue de la déclarer et l’immatriculer à la Cnps, assorti du payement des cotisations sociales y afférentes ».
Selon Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, « il s’agit d’une obligation légale, sociale et morale à l’égard de ces modestes personnes à leur service, qui vise à sauvegarder leurs droits, notamment pour le bénéfice des prestations sociales servies par la Cnps (allocations familiales, prise en charge des maladies professionnelles et accidents du travail, pensions de retraite…) ».
Aussi, relève le communiqué, « le Directeur général de la Cnps exhorte toute personne concernée, aussi bien les employeurs que les personnels domestiques eux-mêmes, à procéder sans délais aux obligations rappelées ci-dessus. Ceci peut se faire, soit auprès de tout centre de prévoyance sociale, soit directement en ligne sur le site web www.cnps.cm ».
A cet égard, poursuit le document, « passé le mois de septembre 2022, des enquêtes et contrôles systématiques seront organisés sur l’ensemble du territoire national, et les redressements conséquents seront opérés, en application stricte et rigoureuse de l’ensemble des mesures prévues par les textes en vigueur ». Le Directeur général de la structure compte sur la compréhension citoyenne de tous.
Equation à plusieurs inconnus
Au Cameroun, pays d’Afrique centrale, le travail domestique s’effectue généralement dans des conditions précaires. Des salaires dérisoires, parfois en deçà du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (Smig), en violation de certains droits, entre autres, le reversement des cotisations à la Cnps (objet dudit communiqué), les repos hebdomadaires ou les congés annuels. Face à cette situation déplorable, l’organisme en charge de la protection sociale des travailleurs du secteur privé et assimilés et des travailleurs indépendants au Cameroun a pris le taureau par les cornes. « Passé le mois de septembre 2022, des enquêtes et contrôles systématiques seront organisés sur l’ensemble du territoire national », relève le document. Du coup, l’on a la faiblesse de s’interroger sur la réussite de cette vaste opération salutaire. Au rang des difficultés sur le terrain, envisagent des observateurs avertis, figurent en bonne place le risque pour certains domestiques de perdre leurs jobs en se livrant à la dénonciation de leurs patrons défaillants, l’absence des contrats de travail pour la plupart d’entre eux (Dans cet autre cas, la Cnps va-t-elle obliger les employeurs indélicats à signer des contrats de travail et à les respecter ? Si non, va-t-elle s’assurer du versement des cotisations sociales dues en cas de cessation d’activité ? Autant de questions qui taraudent les esprits dans le cadre de cette campagne, qui s’annonce riche en tracasseries.
Tentative de solutions
Dans son communiqué, le Directeur général de la Cnps dit compter sur la compréhension citoyenne de tous. Ce qui sous-entend une marge de velléités de résistance à cette opération. C’est sans doute la raison pour laquelle des mesures draconiennes seront prises à l’encontre des esprits retors. « Des enquêtes et contrôles systématiques seront organisés sur l’ensemble du territoire national, et les redressements conséquents seront opérés… », précise le communiqué. Autrement dit, rasure le document, nul n’aura la possibilité de se soustraire à l’atteinte des objectifs escomptés. Pour ce faire, suggèrent ces mêmes sources, la Cnps gagnerait à impliquer à cette noble cause des acteurs de taille proches des cibles tels que les chefs de quartiers dans les villes et villages. Leur mission, argumentent-ils, épauler les agents dans la réalisation des enquêtes et autres contrôles, à travers des sortes de comités de vigilance opérant en toute discrétion, lesquels sont constitués sur la base des enquêtes de moralité. Cette stratégie somme toute louable suffira-t-elle à parvenir à la déclaration et l’immatriculation de l’ensemble de la main d’œuvre domestique, qui ne demande qu’à voir ses conditions de vie s’améliorer ? De l’implication de tous et de chacun, lancerait-on l’appel, dépendra la sauvegarde des obligations sociales de ces modestes personnes dont les services sont visiblement indéniables. Au propre comme au figuré.
Bertrand TJANI