C’est dans le cadre de la discussion générale relative au projet de loi des finances 2025.
Interpellé par les honorables Nintcheu, Koupit Adamou et Fodjo, le Ministre des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, a apporté, le dimanche, 08 décembre 2024, des éclaircissements sur l’état du réseau routier, la construction de la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala, le coût élevé des infrastructures routières, la défaillance de l’entreprise en charge des travaux sur la route Foumban-Koupamatapit-Limite Ouest, entre autres.
« J’ai enregistré un certain nombre de préoccupations posées par l’Honorable Nintcheu, l’Honorable Koupit Adamou et l’Honorable Fodjo. Je voudrais, après avoir suivi ces préoccupations, me féliciter de ce que leurs auteurs m’aient ainsi donné l’occasion, dans le cadre de l’examen de ce projet de loi, de fournir à toute l’assemblée quelques éléments d’analyses s’agissant de l’état du réseau routier.
Honorable Nintcheu d’abord : le Cameroun, c’est 121873 km de routes. Nous en avons bitumé déjà, au 31 décembre 2023, 10243 km. Nous allons encore en bitumer et en livrer, au 31 décembre 2024. Pour ceux qui cherchent à faire des comparaisons, je vous suggère de voir ces chiffres du Cameroun par rapport à ceux des pays de même niveau de développement. Vous-mêmes, vous en tirerez les enseignements.
Au regard de notre Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030, nous sommes censés bitumer 6000 km. Nous serons rendus, en cette fin d’année, à 69 % du taux d’exécution en dépit des difficultés qui sont les nôtres, qui sont d’ordres sécuritaire, financier et économique.
l’État du réseau routier, sur le constat qu’a fait l’Honorable Nintcheu, n’est pas bon, est désastreux, dit-il. Je vais dire que l’état de nos routes est bon à 54 %. Je vais dire pourquoi. Certains axes routiers ont connu une accélération dans leur dégradation depuis 08 mois, pour des raisons que je vais donner.
D’abord, la plupart de ces axes routiers ont accompli leur durée de vie. Ce sont des axes routiers qui ont été construits, il y a environ une vingtaine d’années.
Ensuite, la forte pluviométrie, les phénomènes météorologiques extrêmes nous ont emmené à enregistrer d’importantes quantités d’eaux face à des ouvrages d’évacuation qui étaient dimensionné pour des quantités d’eaux de cette époque-là. Conséquemment, les eaux se sont abondamment infiltrées sous ces chaussées et ont donc contribué à les détruire.
Troisième raison, ce sont les rendements des entreprises sélectionnées pour les travaux qui sont insuffisants en raison, là aussi, de leurs capacités financières faibles. Il faut que nous comprenions que les rendements ne sauraient être soutenus dès lors que les entreprises ne bénéficient pas des payements conséquents dans les délais déterminés. Quoiqu’il en soit, la bonne question aurait été : quelles sont les mesures qui auront été prises pour anticiper ? Vous nous avez autorisé, en 2024, l’allocation de 65 milliards de Fcfa, pour justement relever le niveau de service de ces routes dont la dégradation s’annonçait et s’est accélérée pour les trois raisons que je viens d’évoquer. Les contrats ont été passés. Tous ces contrats ont été passés au mois de septembre, mais on ne fait pas de travaux routiers en saison de pluies; à tout le moins, l’entreprise peut faire ses projets d’exécution, c’est-à-dire identifier effectivement les tâches à exécuter. C’est ce que l’entreprise mobilisée sur Yaoundé-Douala a fait, mobilisée sur Bekoko-Nkongsamba-pont du Nkam-Bandjoun a fait, Mokolo-Darlé a fait, Yaoundé-Ayos-Bonis-Garoua Boulaï. Toutes ces entreprises ont mené leurs projets d’exécution pendant la saison de pluies et attendaient donc la bonne saison des travaux, la saison sèche pour se mobiliser bien évidemment moyennant la mise à disposition des ressources financières. Elles sont donc toutes mobilisées pour donner une suite à cette situation de dégradation désormais accélérée, encore une fois, pour les raisons que je viens d’indiquer. Cette mobilisation se fait suivant une technique de mise en œuvre.
Ce que l’Honorable Nintcheu observe sur Yaoundé-Douala, c’est bien ce qu’il faut faire. C’est la première phase des travaux. Une deuxième phase interviendra et va traiter les grandes bandes en allant dans les couches de chaussées inférieures. C’est le travail que fait l’entreprise et le contrôle de ces travaux est assuré par une mission de contrôle, des ingénieurs de marchés, des ingénieurs de suivi. Nous avons donc anticipé en concluant les contrats à hauteur de 65 milliards de Fcfa et pour 2024, nous allons renforcer l’état de cette route avec des allocations financières. Je suppose que vous allez nous les allouer. Avec ces allocations financières, nous allons renforcer l’état de ces routes. J’ai indiqué tout à l’heure que ces routes, pour la plupart, ont atteint leur niveau de vie. Il faut donc les reconstruire. Pour Yaoundé-Douala, un partenaire s’est déjà manifesté ; Ngaoundéré-Garoua, c’est bien connu, le partenaire nous a autorisé à passer les contrats à choisir l’entreprise en attendant la mise en place des financements. La réhabilitation de ces routes est donc programmée et les travaux en cours d’exécution s’exécutent selon des phases bien ordonancées. L’entretien confortatif résulte d’un mixage Fonds routier-Budget d’investissement public, pour donner une allocation financière importante et conséquemment améliorer la consistance des travaux. L’entretien confortatif supposant rapidement le traitement des nids de poule, puis l’amélioration des couches de chaussée. Cela suppose donc, dans l’entretien confortatif, la recherche du confort de l’usager qui est apporté par le confort de la circulabilité et puis l’amélioration de la visibilité. Le cartonnage intervient pour élaguer les herbes qui envahissent la chaussée et fait ressortir les panneaux de signalisation des broussailles pour que l’usager de la route bénéficie d’une bonne visibilité de l’infrastructure.
S’agissant du contournement de la falaise de Dschang, j’ai bien visité l’axe routier Kekem-Bafang, je l’ai encore fait vendredi dernier, le niveau de cette route va aller en s’améliorant.
Je dois signaler que 06 contrats d’entretien routier s’exécuteront sur 10 mois. Ils ont commencé au mois d’octobre par des travaux que je considère préliminaires d’amélioration du confort, d’amélioration de la visibilité. Mais, les travaux de chaussée vont se poursuivre et vont durer 10 mois. On ne va pas demander à l’entreprise qui a un contrat d’exécution sur 10 mois de l’exécuter en 01 mois. Cela ne sera jamais possible. Toutes ces entreprises ont des plannings qui ont été validés. J’ai donc visité cette route de contournement. L’entreprise y est mobilisée. Elle y travaille d’ailleurs tous les jours. Nous sommes dimanche, mais elle est là en train de travailler. Ça va être une route de contournement étant entendu que s’agissant qu’à la falaise de Dschang, les études topographiques sont déjà achevées, le nouveau tracé le long de cette falaise est connu. Donc, la route Dschang-Santchou, par la falaise, restera maintenue, le nouveau tracé est d’ailleurs plus court par rapport à l’ancien tracé. Resteront les études géotechniques pour apprécier la portance du sol au-dessus duquel nous allons placer la route.
En ce qui concerne l’autoroute Yaoundé-Douala, je dois dire dans sa deuxième phase que nous n’avons pas encore un coût. Nous avons une estimation. Sur la base de cette estimation, un contrat commercial est élaboré pour donner au partenaire technique de mobiliser les financements conséquents. Le coût s’obtiendra au terme du projet d’exécution qui est déjà achevé et se discutera dans les commissions de passation de marchés. Le Ministre des Travaux Publics ou qui que ce soit ne reste pas dans son cabinet, pour arrêter des coûts de travaux. Les commissions de passation des marchés s’y apesantissent et arrêtent le coût. L’estimation est obtenue à partir des avant-projets détaillés. C’est-à-dire que l’estimation s’obtient à partir du tracé potentiel, à partir de toutes les études qui peuvent être faites en attendant leurs prises en compte par les commissions de passation de marchés. Si cette autoroute se révélerait plus chère, il faut comparer ce qui est comparable. Nous avons une autoroute de 110 km/h de vitesse de référence ; une autoroute de 33 mètres 50 de plateforme ; une autoroute qui traverse un relief valonné. Il faut en tenir compte. Les autoroutes de certains sites chez que nous avons appelées voie expresse, comme la voie expresse que nous ferons bientôt entre Campo-Kribi, ont une plateforme de 26 mètres. Les autoroutes que vous citez ont des plateformes de 26 mètres. Le Cameroun a choisi la plateforme de 33 mètres 50 pour faire 2×2 voies extensibles à 3 par l’intérieur. Cela veut dire qu’avec l’intensité du trafic dans les années prochaines, 5 ans, 10, 20, on n’aura plus besoin d’aller chercher un autre tracé, parce qu’on avait déjà projeté d’élargir l’autoroute lors de sa conception et de sa construction. Nous avons donc une autoroute de 33 mètres 50 de plateforme 2×2 voies extensibles à 3 par l’intérieur avec une vitesse de référence 110 km/h. La vitesse de référence pour les autres autoroutes que vous citez si bien est parfois de 80 km/h. Donc, le niveau de terrassement est suffisamment faible, les courbures importantes. Il faut donner tous ces éléments d’information pour tous ceux qui en auront encore besoin.
Honorable Koupit Adamou : je voudrais vous rassurer que votre préoccupation est prise en compte. Nous la partageons et j’ai bien noté que l’Honorable Fodjo a fait des propositions qui méritent d’être examinées.
Je vous en remercie ».
Bertrand TJANI