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Électricité au Cameroun : EDC illumine ses comptes, Eneo dans l’ombre des dettes

Malgré un bénéfice net record en 2024, la trésorerie d’Electricity Development Corporation (EDC) reste précaire, plombée par les impayés de son principal client, Eneo, qui peine à recouvrer ses propres créances auprès de l’État camerounais. Une situation complexe qui met en lumière les défis financiers du secteur électrique national.

L’année 2024 a été faste pour Electricity Development Corporation (EDC), l’entreprise publique camerounaise en charge des infrastructures électriques. Son bénéfice net a bondi de 70,8%, atteignant 20,5 milliards de FCFA, un record pour la deuxième année consécutive. Cette performance, révélée lors du Conseil d’administration du 11 juillet 2025 à Yaoundé, contraste fortement avec les 12 milliards de FCFA enregistrés en 2023.

Plusieurs facteurs expliquent cette embellie financière. D’une part, la vente directe d’énergie électrique à Eneo, le principal distributeur, depuis les centrales hydroélectriques de Memve’élé (211 MW) et de Lom Pangar (30 MW) a généré des revenus substantiels. Lom Pangar, dont la capacité de retenue est de 6 milliards de m3, fournit la totalité de ses capacités depuis début 2024. D’autre part, l’entrée en production de la centrale de Nachtigal (420 MW) a entraîné une augmentation significative des droits d’eau perçus par EDC pour la régulation des débits sur le fleuve Sanaga. Les gestionnaires des barrages d’Edéa et de Songloulou, ainsi que Nachtigal, versent désormais ces droits à EDC.

Ces éléments ont propulsé le chiffre d’affaires d’EDC à 141,7 milliards de FCFA en 2024. Couplée à des réformes managériales axées sur la rationalisation des charges, cette croissance a permis à EDC de réaliser un bénéfice record.
Cependant, cette performance reste largement théorique sur le plan comptable, car la trésorerie d’EDC demeure fragile. La raison principale est l’accumulation des arriérés de paiement d’Eneo, qui peine à honorer ses factures de droits d’eau et de vente directe d’électricité.

Eneo, contrôlée majoritairement par le fonds d’investissement britannique Actis, justifie cette situation par les impayés de l’État camerounais et de ses démembrements (ministères, entreprises publiques, collectivités territoriales décentralisées). En conséquence, Eneo conditionne souvent ses paiements à EDC par le recouvrement de ses propres créances auprès des entités publiques, créant un cercle vicieux qui fragilise la trésorerie d’EDC depuis des années. Cette situation met en lumière les défis structurels du secteur électrique camerounais, où les performances financières d’une entité sont directement impactées par les difficultés de recouvrement de ses partenaires.

Gérald Nyatte

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