
Yaoundé, Cameroun – C’est l’histoire d’un père indigne, mais surtout d’un monstre ordinaire qu’on appelait, ironie du sort, « La Fleur ». Sauf que cette fleur-là ne sentait pas bon. Elle piquait. Elle saignait. Et elle a fané brutalement une vie innocente.
« Quand la maison brûle, ce n’est pas le moment de courir après les rats. » (Proverbe africain)
Pour 1400 FCFA – le prix d’un crédit Internet, deux beignets et un sachet d’eau – ce père a décidé de transformer sa maison en salle de torture. Sa victime : sa propre fille, âgée de 10 ans, qu’il a attachée, affamée, humiliée et torturée pendant trois longs jours. Le résultat : un décès atroce. Une enfant partie non pas à cause d’un accident ou d’une maladie, mais à cause de celui qui aurait dû être son protecteur.
Pendant que d’autres pères préparent les vacances ou aident à faire les devoirs, « La Fleur », lui, cultivait la haine. Un papa dictateur, un bourreau domestique, un véritable danger public en liberté. Car oui, après avoir laissé le cadavre de sa fille derrière lui, monsieur a pris la tangente. En mode Fast & Furieux, sauf que ce n’est pas du cinéma, c’est du drame pur.
À quoi bon porter le nom de père si c’est pour devenir le premier cauchemar de ses enfants ? Où sont passés les câlins, les conseils, les blagues nulles mais bienveillantes ? Est-ce que certains pères ont troqué leur cœur contre un caillou ou bien c’est le cerveau qui est tombé pendant le sommeil ?
Il est grand temps que la société regarde cette vérité en face : l’ennemi de l’enfant ne se cache pas toujours dans la rue. Parfois, il vit sous le même toit.
Les ONG de défense de l’enfant demandent justice. Mais nous, citoyens, exigeons aussi mémoire. Qu’aucun autre enfant ne meure parce qu’un parent a confondu autorité et barbarie.
Quant à toi, « La Fleur », où que tu sois, que la justice t’arrache les épines une par une. Et à tous ceux qui pensent qu’un enfant est une propriété qu’on peut battre, attacher, affamer : vos jours d’impunité sont comptés.
À force de vouloir corriger l’enfant à coups de ceinture, c’est l’humanité qu’on finit par gifler.
Gérald Nyatte