Prestation de serment : la scène qui dit tout

Au Palais de l’Unité, une simple poignée de main en dit long sur la guerre d’influence qui agite le football camerounais. Le verdict non verbal du Chef de l’État est sans appel.

Ce jeudi au Palais de l’Unité, alors que le protocole s’égosillait en présentations solennelles, le Président Paul Biya a offert au public une masterclass en communication non verbale. Le sujet ? L’éternel feuilleton « Minsep vs Fecafoot ».

Tout se joue au moment des salutations. Narcisse Mouelle Kombi, le ministre des Sports, s’avance, probablement en espérant une petite tape encourageante, ou au moins un hochement de tête. Que nenni ! Le Chef de l’État lui réserve un accueil aussi chaleureux qu’une nuit de décembre à Oslo. Une poignée de main éclair, un regard fuyant, et hop, suivant.

Vient ensuite Samuel Eto’o. Là, changement de décor. Le visage de Paul Biya s’éclaire d’un sourire en coin, visiblement ravi. Les deux hommes s’attardent, discutent, visiblement complices. La scène, observée par tout le gratin politique, est lourde de sens : devant son ministre pantois, le patron a clairement désigné son chouchou.

Pour les initiés des coulisses d’Etoudi, le message est limpide. Mouelle Kombi, souvent prompt à invoquer « le Très Haut et le Chef de l’État » dans ses discours, vient de se prendre une véritable douche froide protocolaire. Un camouflet qui, dans les arcanes du pouvoir, vaut parfois tous les communiqués de censure.

De son côté, Eto’o ressort grandi de cet échange. Le président de la Fecafoot, souvent contesté, apparaît plus que jamais comme le protégé de la maison. Le conflit qui l’oppose au ministère des Sports vient peut-être de connaître un tournant décisif, dicté non par un décret, mais par une simple expression faciale présidentielle.

Ce soir, une chose est sûre : à Yaoundé, il vaut mieux être une légende du football qu’un ministre en exercice… surtout quand le patron est un fan du ballon rond.

Gérald Nyatte