L’économiste camerounais demande aux camerounais de laisser les combats inutiles et de travailler pour le fédéralisme.
Je vous pose une question simple : qu’allez-vous faire si le petit Frank remplace son père ? J’entends les gens dire : « ce n’est pas possible ! » Qu‘est-ce qui n’est pas possible ? Que Frank, qui est déjà au Palais, s‘assoie à la place de son père ? Et comment vont-ils faire pour l’en empêcher ? Ils vont entrer au Palais, traverser des cordons de gens armés, formés pour tuer et particulièrement nerveux ?
Ils vont faire comment ? Certains disent: « le Cameroun n’est pas le Gabon ! » Ah bon ? Le Cameroun est quoi ? Allons, allons ! Trêve de forfanterie ! Il y a que des imbéciles qui n’ont rien vu venir ! Quand Biya décimait le milieu politique par des voies carcérales, en emprisonnant tous ceux qui pouvaient être une entrave à la montée de son fils sous des prétextes de détournements de fonds, ces idiots croyaient que quoi ? Que c’était pour eux ?
Franchement ! On ne peut pas être idiots jusqu’à ce point ! Le scénario était pourtant ficelé depuis longtemps ! Et ceux qui ont des yeux en voyaient bien les fils blancs.
De toute façon, avec un pouvoir aussi concentré, personne ne sortira d’Etoudi ! Comment voulez-vous que des gens qui gèrent 5.000 Milliards du budget, nomment à tous les postes, investissent là où ils veulent, recrutent qui ils veulent aux postes où ils veulent, et distribuent à leur guise des licences et autres passe droits se délestent d’un pouvoir aussi monstrueusement attractif au bénéficie d’autres personnes ?
Ce n’est pas possible, et cela ne s’est jamais vu nulle part !
Quand bien même Biya céderait ce pouvoir à quelqu’un venant hors du sérail, la réaction de cet entourage sera la même qu’avec Ahidjo, c’est-à-dire, une tentative de le récupérer par la force. Biya n’est pas Président parce que les gens d’Ahidjo l’ont voulu, mais parce qu’ils ont été battus militairement.
Et quand bien même celui qui prendra le pouvoir après Biya échapperait comme lui à un éventuel coup d’Etat, ce qui n’est pas certain, il reprendra tout simplement à son compte le même modèle ! C’est pour cette raison que je vous ai toujours orienté vers le seul et vrai combat au Cameroun : imposer un modèle d’Etat fédéral, qui va purger Etoudi de son monstrueux pouvoir en l’éparpillant dans les Etats Régionaux. En décentralisant la gestion de l’argent et la demande sociale, en permettant à tous les segments sociologiques de bénéficier en permanence des attributs d’un Etat Régional sur son territoire, nous atténuerons considérablement cette explosive fixation que les gens ont du pouvoir d’Etat et le système sociopolitique aurait été assaini.
Malheureusement, obnubilés par l‘idiote perspective de devenir d’autres Biya, fascinés par les lustres d’Etoudi, enfermés dans leur obsession schizophrène de gérer seuls les 5.000 Milliards, ces gens n’ont jamais compris le seul message de sagesse.
Cela signifie que nous ne sortirons jamais de cette logique infernale avec un pouvoir aussi concentré.
Maintenant qu’ils prennent enfin conscience que le système leur fabrique au nez et à la barbe un candidat qu’ils ont toujours trouvé invraisemblable, on les voit totalement aux abois, incapables de s‘organiser, réduits à aboyer d’inutiles et fanfaronnes menaces sur Facebook ! De manière concrète, ils peuvent faire quoi contre un jeune Biya qui bénéficie de tous les arguments financiers, administratifs, politiques, financiers, militaires ?
On peut bien sortir les gros yeux, gonfler son cœur de colère, mais tout se joue sur le terrain, et sur ce terrain, il n’y a pas match : une bande de fanfarons, dispersés, incapables de se regrouper et d’élaborer une stratégie politique peut faire quoi devant la puissante armada du petit Frank ?
Absolument rien !
Une fois de plus, le seul combat que les Camerounais doivent mener est la fédéralisation du pays. Qu’ils cessent d’écouter ces faux messies qui leur promettent monts et vermeilles. Ce sont des imposteurs qui dévoient les Camerounais de la seule voie de leur salut et n’ont aucun moyen opérationnel de leurs rêves.
S’ils renoncent à leur vrai combat, pour suivre les chimères des pseudo-messies qui leur promettent un nouveau régime politique leur garantissant le démocratie et le développement, ils verront de leurs propres yeux, le vieux système néocolonial se perpétuer à travers les descendants des dirigeants actuels, plus fort que jamais, avec les mêmes arguments : l’unité nationale ! Et sans que quiconque puisse y changer une virgule.
Dieudonné Essomba