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Charles Binam Bikoï, la plume de la renaissance linguistique africaine

À l’occasion de la 33ᵉ Journée internationale de l’écrivain africain, le Lycée Général Leclerc de Yaoundé a vibré au rythme d’un hommage appuyé à l’un des plus illustres défenseurs de la culture et des langues africaines : le Professeur Charles Binam Bikoï.

Chercheur infatigable, auteur prolifique et promoteur des langues africaines, Charles Binam Bikoï a été célébré le 7 novembre 2025 par le Centre de Lecture d’Initiation et d’Intégration à la Culture (CLIIC) et ses partenaires. Une journée marquée par des échanges, des lectures et une réflexion profonde sur la nécessité de décoloniser la pensée littéraire africaine.

Sous le thème « Charles Binam Bikoï : la plume de la promotion des langues africaines », la cérémonie a réuni enseignants, écrivains, étudiants et chercheurs venus honorer un pionnier de la recherche linguistique sur le continent. Au-delà de la commémoration, il s’agissait d’exalter la valeur d’un intellectuel qui a consacré sa vie à faire entendre la voix de l’Afrique à travers ses langues, ses récits et ses mythes fondateurs.

Pour de nombreux intervenants, cette célébration s’est imposée comme un tournant symbolique : celui d’une Afrique qui choisit enfin de glorifier ses propres figures sans attendre l’adoubement venu d’ailleurs.

« Il est illusoire de penser qu’on deviendra référence à travers l’Occident. C’est à nous-mêmes de couronner de prestige ceux qui ont marqué nos sociétés », a lancé un intervenant, salué par une salve d’applaudissements.

De l’oralité à l’écriture, puis de la page à l’écran, le Pr Binam Bikoï a bâti un pont solide entre tradition et modernité. Ses « Contes du Cameroun », dont certains ont intégré les programmes scolaires, illustrent sa volonté de faire vivre la sagesse populaire à travers l’éducation.
Son conte « La cuillère cassée », devenu le célèbre film d’animation Minga et la cuillère cassée, a offert à la culture camerounaise une visibilité internationale rare.
Mais c’est son travail monumental sur « Mpomo, le prince de la grande rivière », fruit de vingt ans de recherche auprès des Kozimes, qui demeure la pierre angulaire de son héritage. Cette épopée, aujourd’hui reconnue comme l’une des dernières grandes de l’humanité, consacre l’Afrique au panthéon des civilisations littéraires.

Cependant, la journée n’a pas été exempte de controverses. Certains intervenants ont regretté que des auteurs européens soient cités dans une célébration dédiée à l’écrivain africain. « C’est une bourde grave que de citer des non-Africains dans une telle célébration. Cela traduit une colonisation mentale persistante qu’il nous faut combattre », a dénoncé le Dr Bingono, provoquant un débat nourri sur la décolonisation culturelle.

Le clou de la cérémonie a été la remise de prix aux acteurs de la promotion du livre africain : éditeurs, libraires, enseignants et médiateurs culturels, tous unis par la même ambition — bâtir un écosystème littéraire africain autonome et vivant.

Au-delà de l’hommage rendu, le nom de Charles Binam Bikoï résonne désormais comme un appel à la mémoire et à la dignité. Son œuvre, pont entre l’Afrique d’hier et celle de demain, invite chaque génération à lire, écrire et transmettre dans ses propres langues pour que jamais ne se taise la voix des ancêtres.

O.S

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