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Cameroun : pourquoi Paul Biya tend la main aux ex-combattants de Boko Haram et aux sécessionnistes ?

L’un des décrets les plus importants jamais signés par le président Paul Biya ces trois dernières années, sur le paradigme de la solidarité nationale, vient presque de passer inaperçu, englouti sans doute par l’effervescence de l’actualité prééminente attenant au tollé général causé par le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun.

Et pourtant ! Le 30 novembre dernier, le chef de l’Etat paraphait le très important décret n°2018/719 portant création du Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration, en abrégé « CNDDR », placé sous l’autorité du Premier Ministre, Chef du Gouvernement et dirigé par un Coordonnateur nommé par décret du président de la République, le « Comité » dispose de centres régionaux à Bamenda, Buéa et Mora, les épicentres dans lesquels se dérouleront les opérations de désarmement, de démobilisation et de préparation à la réintégration des anciens miliciens. Le « Comité » ainsi créé a pour mission d’organiser, d’encadrer et de gérer le désarmement, la démobilisation et la réintégration des ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, désireux de répondre favorablement à l’offre de paix du Chef de l’Etat en déposant les armes. Ceux qui trouvaient creux et imprécis le discours de serment du président Paul Biya, le 6 novembre dernier, viennent d’y trouver belle réplique.

Le 6 novembre, en effet, en appelant les sécessionnistes et les combattants enrôlés dans les troupes terroristes de Boko Haram à déposer les armes, le chef de l’Etat, chef des Armées, ouvrait implicitement une batterie de mesures d’apaisement allant du désarmement au dialogue, en passant par la réinsertion sociale et professionnelle des ex-miliciens des deux fronts de guerre dans les rangs de nos forces de défenses. On ne le dira jamais assez, ce décret est un bel exemple d’humanisme ! Ailleurs, on passe sommairement les ennemis de la République au peloton d’exécution, sans autre forme de procès. Chez nous, au Cameroun, Paul Biya, pardonne et tend la main ! Il fait mieux que cela, le président de la République offre d’accueillir et de désarmer les ex-combattants du Boko Haram et des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; fait collecter les armes et munitions remises volontairement par les ex-combattants ; prend toutes les dispositions pour la destruction desdites armes, munitions et explosifs, en toute légalité et en liaison avec les administrations compétentes. C’est rare de voir cela en Afrique…

Apaisement

Paul Biya, le président-humaniste va plus loin en matière de démobilisation, en mettant en place des sites de cantonnement des ex-combattants, tout en assurant l’encadrement des ex-combattants dans le cadre de leur préparation à un retour à la vie civile. Ailleurs, sous d’autres cieux, c’est la prison automatique pour ceux qui ont enfreint la loi, en menant des actes terroristes contre leur pays… Au Cameroun, Paul Biya a opté pour l’apaisement. Le désarmement volontaire des ex-combattants est compensé par le troisième volet dudit décret, à savoir, la réintégration sociale des miliciens repentis. Le chef de l’Etat fait prendre les dispositions nécessaires à la déradicalisation des ex­combattants ; et fait mener des actions de sensibilisation en d’apportant une assistance à la réinsertion dans la vie civile des ex-combattants, notamment par l’organisation, la formation, la mise à disposition des moyens de production et l’assistance à la création d’activités génératrices de revenus. Autrement dit, le décret de Paul Biya entrevoit de donner du travail et à trouver des financements aux jeunes qui se sont naguère égarés dans les sentiers sinueux du terrorisme.

A cet effet, précise un communiqué du SG/PRC, « le chef de l’Etat lance à cet égard un appel aux autorités traditionnelles et religieuses et à toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles appuient les efforts des autorités administratives en sensibilisant les membres des groupes armés afin qu’ils saisissent cette opportunité de revenir dans le droit chemin. » Dans le cadre de la mise en œuvre de ses missions, le Comité coopère en tant que de besoin avec les administrations compétentes, les ONG et les partenaires nationaux et internationaux, notamment l’ONU…

La création du « CNDDR » par Paul Biya, intervient après le lancement du Plan d’assistance humanitaire d’urgence et la mise en place du Centre de coordination de l’assistance humanitaire dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest. La création de ce Comité, précise le SG/PRC, participe de la disponibilité constante du chef de l’Etat à rechercher les voies et moyens d’une résolution pacifique aux crises qui affectent notre pays. » Pour bénéficier de la réinsertion sociale aux repentis du Boko Haram et aux membres des groupes armés des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest il faut au préalable déposer volontairement les armes. Déposer les armes pour éviter des larmes.

 

Par Valentin Xavier Bangot, géopolitologue.

 

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