Cameroun : le cacao transformé, nouvel or brun de l’économie

Les exportations de produits agroalimentaires ont atteint un record historique de 532,2 milliards de FCFA en 2024, dopées par la transformation locale du cacao et la flambée des cours mondiaux.

Selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS), l’économie camerounaise connaît une métamorphose spectaculaire, tirée par l’industrie agroalimentaire. Les recettes d’exportation de ce secteur ont plus que doublé depuis 2019, passant de 276,6 à 532,2 milliards de FCFA, franchissant pour la première fois le seuil symbolique du demi-milliard.

Cette performance exceptionnelle s’explique par deux facteurs principaux. D’une part, l’éclosion d’un puissant tissu industriel dédié à la transformation locale, notamment du cacao. Depuis l’extension des capacités de broyage de Sic Cacaos en 2015, trois nouveaux géants – Neo Industry, Atlantic Cocoa et Africa Processing Company – se sont imposés. Avec une capacité cumulée de près de 90 000 tonnes, ces usines exportent massivement du beurre, de la poudre et de l’huile de cacao dans le monde entier. Les exportations de dérivés ont ainsi rapporté 153 milliards de FCFA en 2023.

D’autre part, le secteur a bénéficié d’un contexte international très favorable. Les cours mondiaux du cacao ont littéralement explosé, enregistrant une hausse stratosphérique de 123,4 % en 2024, après +37,1 % en 2023. Cette flambée des prix, couplée à l’augmentation des volumes exportés grâce à la valeur ajoutée locale, a créé un effet de levier sans précédent sur les recettes nationales.

Le Cameroun est ainsi en train d’opérer une mue stratégique : il ne se contente plus d’exporter des fèves brutes, mais capte une part bien plus importante de la valeur finale en devenant exportateur de produits transformés. Ce modèle, qui allie industrialisation et souveraineté économique, ouvre la voie à la replication dans d’autres filières agricoles prometteuses.

Gérald Nyatte